Publié par CEMO Centre - Paris
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Lutte antiterroriste au Sahel : de la friture sur la ligne

dimanche 24/novembre/2019 - 08:27
La Reference
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La guerre se gagne ou se perd pas seulement sur le théâtre des combats, mais aussi au niveau de l'opinion publique. On l'a vu jadis au Vietnam. Plus près de nous en Afghanistan d'où Américains et Français sont partis sans rien régler si ce n'est finir par négocier avec les talibans. Idem au Levant où on s'accommode en fin de compte de la dictature syrienne, de l'invasion turque au Kurdistan et du parrain russe. Les postures audiovisuelles de nos responsables politiques s'insurgeant contre le « déserteur » Donald Trump ne trompent personne. En premier lieu, les Kurdes qui se sont battus au sol à notre place contre les terroristes qui ont tué des Français à Paris. Au Sahel, l'engagement occidental a minima compensé par des effets d'annonces et des promesses d'aide non tenues a fini au bout de six ans de guerre par laisser des traces dans « la rue africaine ».

Le doute s'est installé

Après les revers sanglants subis par l'armée malienne ou burkinabè, le doute s'est installé dans l'opinion de ces pays et de leurs alliés. Une opinion qui accuse désormais la France d'être responsable de ces défaites. Le dispositif Barkhane étant censé épauler les troupes africaines, si celles-ci sont mises en échec, c'est que les forces françaises et celles de l'ONU sont incapables de venir à bout des djihadistes. La théorie du complot circule même sur Internet, premier média en Afrique grâce au développement des réseaux cellulaires. Beaucoup de villages reculés sont connectés au monde et reçoivent tout y compris la sortie délirante de l'artiste malien très populaire Salif Keïta dans une vidéo en direct sur Facebook. Il y accuse la France de financer les terroristes, dénonce la guerre, et demande au président malien de ne plus se soumettre à Emmanuel Macron.

Un sentiment anti-français se diffuse doucement

Comme partout, les avis et les jugements à l'emporte-pièce déferlent sur la Toile à propos de la présence permanente des troupes françaises. « Comme à l'époque de la colonisation », affirment les ultras, elles chercheraient à s'approprier les richesses de la région sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Une démonstration alambiquée parmi d'autres jamais clairement démentie par les autorités françaises et les régimes en place, lesquels doivent désormais compter avec leur opinion publique.

De plus en plus de différends entre alliés

Du coup, dans cette période de lutte acharnée contre les GAT, les groupes armés terroristes, depuis le début du mois de novembre, plusieurs différends entre alliés suscitent l'incompréhension. Du moins, si l'on en croit des informations diffusées sur la Toile et largement commentées par les internautes africains qui ne savent pas en fait si elles sont vraies ou pas. Comme cette lettre, en date du 15 novembre dernier, signée en apparence par le chef d'état-major des armées du Burkina Faso, le général de brigade Moïse Miningou, qui écrit au lieutenant-colonel, attaché de défense près l'ambassade de France à Ouagadougou à propos de la sécurisation de l'espace aérien. La missive, vraie ou fausse, mais non démentie jusqu'ici par la France ni le Burkina Faso, est lisible sur la Toile. Elle est directe et sans appel. Le ton est sec et comminatoire. Le patron de l'armée y remarque que « depuis un certain temps, il ressort de façon récurrente, que des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d'opération. Aussi, poursuit le général, j'ai l'honneur de porter à votre connaissance que désormais des instructions ont été données aux unités déployées pour que ces aéronefs soient considérés comme ennemis et traités comme tels ».

En clair, ses soldats ont ordre de tirer sur les avions, drones et hélicoptères français qui appuient les forces du Burkina dont on sait qu'elles manquent cruellement de moyens notamment aériens. L'officier met toutefois un bémol pour que ces tirs amis ne se produisent pas : « Nous vous prions de vouloir bien nous informer quarante-huit (48) heures à l'avance de tout déplacement de vos aéronefs dans ces zones et en coordination avec l'armée de l'air et l'état-major général des armées », conclut-il dans sa lettre, peut-être fausse, mais déjà vue par tout le pays.

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