L'Iran promet de punir les "mercenaires" derrière la contestation
L'Iran a promis dimanche de punir sévèrement les "mercenaires" arrêtés en lien avec la vague de contestation et de violences ayant secoué le pays après une forte hausse de l'essence.
La République islamique dit avoir ramené le calme après plusieurs jours de troubles ayant éclaté le 15 novembre, quelques heures après cette annonce surprise de la hausse du prix à la pompe.
L'accès à l'internet mondial, qui avait été coupé par les autorités dès le 16 novembre au soir dans l'ensemble du pays, n'avait toujours pas été rétabli à son niveau d'avant la crise dimanche en fin d'après-midi.
Citant des responsables de la police, l'agence Fars, proche des ultraconservateurs, a affirmé dimanche que "180 meneurs des récentes émeutes ont été identifiés et arrêtés".
"Nous avons arrêté tous les larbins et les mercenaires et ils ont avoué clairement qu'ils avaient agi au service de l'Amérique, des Monafeghin et d'autres", a déclaré le contre-amiral Ali Fadavi, commandant en chef adjoint des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, lors d'une conférence de presse à Téhéran.
"Monafeghin" ("Hypocrites" en persan) est le terme par lequel les responsables de la République islamique qualifient habituellement les Moudjahidine du peuple iranien (MEK), groupe d'opposition en exil responsable de nombreux attentats en Iran au cours de la décennie 1980 et qualifié de secte "terroriste" par Téhéran.
"Notre réponse sera certainement proportionnelle à leur brutalité", a également prévenu M. Fadavi, faisant allusion aux Etats-Unis.
- "Coalition du mal" -
"Nous les avons tous arrêtés, et si Dieu le veut, l'Autorité judiciaire les condamnera au maximum", a encore déclaré l'amiral Fadavi, en marge d'une réunion du Bassidj, corps de volontaires islamistes pouvant agir comme supplétifs des forces de l'ordre.
Le nombre total des personnes arrêtées pour leur participation à la contestation reste difficile à déterminer. Mardi, le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme avait parlé de "plus de 1.000" arrestations.
Les autorités iraniennes ont fait état de cinq décès, mais Amnesty International estime que plus de 100 contestataires auraient été tués. L'ONU a dit craindre "des dizaines" de morts.
Revenant sur les troubles, aux cours desquels des stations-service, des commissariats, des mosquées et des bâtiments publics ont été incendiés ou attaqués, le général Salar Abnoosh, haut responsable du Bassidj, les avait qualifiés jeudi de "véritable guerre mondiale contre le système" politique de la République islamique.
Il avait accusé une "coalition du mal" composée de "sionistes, de l'Amérique et de l'Arabie saoudite" d'avoir été à l'origine de la "sédition". Des responsables des Gardiens ont ajouté les "services de renseignement" britanniques et français à cette liste.
L'essence est extrêmement subventionnée en Iran et le gouvernement a indiqué que les recettes provenant de la hausse du prix à la pompe seraient intégralement reversées sous forme de subsides aux 18 millions de ménages les moins favorisés, soit environ 60 millions de personnes sur une population totale de 83 millions d'habitants.
Selon le général Abnoosh, la coupure d'internet a permis aux autorités de "perturber" les plans des ennemis de l'Iran.
- "Vaste censure" -
Les Etats-Unis, dont le président Donald Trump a accusé Téhéran d'avoir coupé internet pour que le peuple "ne puisse pas parler de l'énorme violence qui se passe dans le pays", ont annoncé vendredi avoir pris des sanctions contre le ministre des Télécommunications iranien, Mohammad Javad Azari Jahromi, pour "son rôle dans la vaste censure d'internet" en Iran.