Trump accuse Téhéran de chercher à dissimuler une "tragédie"
Le président américain Donald Trump a accusé jeudi Téhéran d'essayer, en coupant l'accès à internet, de cacher aux Iraniens et au monde la "tragédie" en cours dans ce pays touché par un vaste mouvement de contestation.
A Téhéran les Gardiens de la Révolution ont de leur côté vanté l'action "rapide" des forces armées face aux "émeutiers". Après plusieurs jours de manifestations ayant démarré après l'annonce subite d'une forte hausse du prix de l'essence, l'Etat avait affirmé mercredi être sorti victorieux d'un "complot" ourdi à l'étranger.
Jusqu'à présent les autorités ont confirmé la mort de cinq personnes - quatre représentants de l'ordre et un civil - mais l'ONU a dit craindre que la répression ait fait "des dizaines" de morts.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a invité les manifestants iraniens à transmettre aux Etats-Unis toute preuve de répression de la part du régime de Téhéran, assurant qu'ils "sanctionneront ces abus".
"L'Iran est devenu si instable que le régime a coupé tout le système internet pour que le grand peuple iranien ne puisse pas parler de l'énorme violence qui se passe dans le pays", avait tweeté plus tôt dans la journée Donald Trump, qui a imposé des sanctions draconiennes à la République islamique depuis qu'il a claqué la porte de l'accord international sur le nucléaire iranien.
"Ils veulent zéro transparence, en pensant que le monde ne se rendra pas compte de la mort et la tragédie que cause le régime iranien!", a-t-il ajouté.
Internet reste largement coupé en Iran malgré un retour au calme apparent. Mardi, le gouvernement iranien a fait savoir qu'il ne mettrait fin à la coupure d'internet que lorsqu'il serait certain que le réseau ne serait pas "utilisé à mauvais escient" pour de nouvelles émeutes.
- Rétablissement "partiel" d'internet -
Le député réformateur Ali Motahari, cité par l'agence semi-officielle Isna, a estimé que le black-out n'était plus nécessaire "compte tenu du retour au calme dans le pays" et a appelé les autorités à lever la mesure en vigueur depuis bientôt cinq jours.
L'ONG Netblocks, qui surveille la liberté d'accès à internet de par le monde, a indiqué observer un début de rétablissement, encore très "partiel", des liens cybernétiques du pays avec le monde extérieur.
Les troubles, aux cours desquels des stations-service, des commissariats, des mosquées et des bâtiments publics ont été incendiés ou attaqués, ont commencé après l'annonce d'une réforme du mode de subvention de l'essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s'accompagnant d'une très forte hausse du prix à la pompe.
Ils sont survenus alors que l'Irak, voisin de l'Iran, est touché par une vague de contestation populaire d'une ampleur inédite dénonçant l'inaction des autorités pour régler leurs problèmes, ainsi que ce que les protestataires qualifient d'ingérence de Téhéran dans les affaires irakiennes.
A Téhéran, des Iraniens ont témoigné de leurs difficultés auprès de l'AFP, comme Ehsan. "Nos revenus n'ont pas augmenté du tout mais nos dépenses ont triplé ou quadruplé", dit ce comptable, "si ça continue comme ça, il sera vraiment difficile" de s'en sortir.
Pour le régime iranien, la contestation en Irak, comme en Iran, est téléguidée par des puissance étrangères hostiles à la République islamique: les Etats-Unis, Israël et l'Arabie saoudite, grand rival régional de l'Iran.