Publié par CEMO Centre - Paris
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Iran : sanglante répression à huis clos

mardi 19/novembre/2019 - 10:08
La Reference
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Cela fait maintenant plus de soixante-huit heures que l'Iran est coupé du monde. Depuis dimanche matin, les autorités iraniennes ont bloqué Internet, rendant quasiment impossible toute communication WhatsApp ou Telegram entre le pays et l'étranger. Seules de rares images témoignent encore de la contestation qui secoue le pays depuis l'annonce surprise par le gouvernement de la hausse du prix de l'essence le 15 novembre dernier, et de la vaste répression qui s'est ensuivie.

Selon un rapport des services de renseignements iraniens, cité par l'agence de presse Fars news, 87 000 personnes ont pris part aux manifestations dans une centaine de villes d'Iran, principalement dans les provinces du Khouzestan (Sud), de Fars (Sud), de Téhéran et de Kerman (centre). Près d'un millier de personnes auraient été arrêtées à travers le pays et 100 bâtiments publics auraient été endommagés. En effet, sur plusieurs vidéos envoyées ce week-end d'Iran, on aperçoit des manifestants s'en prendre à des bâtiments officiels, banques et autre stations d'essence.

Tirs à balles réelles

En ce qui concerne le nombre de victimes, les médias semi-gouvernementaux évoquent un bilan de cinq décès : quatre membres des forces de l'ordre – un gardien de la révolution (l'armée idéologique du pouvoir iranien), deux miliciens bassidjis et un policier – auraient été tués par des « émeutiers », et seul un civil aurait perdu la vie samedi à Sirjan (Sud). En outre, d'autres agences de presse officielles évoquent la mort de six autres personnes, sans préciser leur identité ni les conditions de leur décès.

Pourtant, plusieurs vidéos montrent des corps sans vie de manifestants gisant sur le sol, dans une mare de sang, dans les villes de Shiraz ou d'Ispahan, tandis que d'autres images indiquent que les forces de l'ordre ont fait usage de tirs à balles réelles contre les manifestants à travers le pays. Ainsi, des médias iraniens basés à l'étranger, dont la BBC persian, font état de bilans – non confirmés – autrement plus lourds, avec la mort de deux cents personnes.

Images vidéo et témoignages

Pour l'heure, le gouvernement iranien a indiqué par la voix de son porte-parole Ali Rabii que l'exécutif avait « besoin de temps » pour fournir un « bilan définitif » des victimes. En attendant, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a indiqué mardi soir avoir des « informations crédibles » selon lesquelles « au moins 106 manifestants ont été tués dans 21 villes en Iran ». L'ONG affirme se baser sur « des images vidéo vérifiées, des témoignages de personnes sur le terrain et d'informations » de militants des droits humains en dehors d'Iran. Mais, d'après elle, « le bilan véritable pourrait être bien plus élevé, avec des informations suggérant jusqu'à 200 [personnes] tuées ».

Ces informations corroborent celles apportées plus tôt dans la journée de mardi par le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, dont le porte-parole évoquait un bilan de plusieurs « dizaines de morts ». « Nous sommes particulièrement alarmés par le fait que l'utilisation de munitions réelles aurait causé un nombre important de décès dans tout le pays », a déclaré Rupert Colville lors d'un point de presse à Genève. « Nous demandons également au gouvernement de rétablir immédiatement l'accès des Iraniens à Internet, ainsi qu'à d'autres formes de communication, qui permettent la liberté d'expression et l'accès à l'information. »

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