La Jordanie récupère des terres prêtées à Israël
Les Israéliens n'avaient plus accès dimanche à des terres agricoles prêtées par la Jordanie pendant le dernier quart de siècle dans le cadre d'un accord de paix entre les deux pays voisins.
Les annexes du traité de paix jordano-israélien de 1994 autorisaient la "mise à disposition gratuite" de terres dans les régions de Baqoura/Naharayim et Ghoumar/Tzofar à des propriétaires privés israéliens pour une période initiale de 25 ans arrivant à échéance dimanche.
"Je proclame la fin de la validité des annexes de l'accord de paix concernant Baqoura et Ghoumar, et le rétablissement de notre souveraineté totale sur ces territoires", a déclaré dimanche le roi Abdallah II de Jordanie devant le Parlement, à Amman.
En Israël, le ministère des Affaires étrangères a dit "regretter la décision de la Jordanie".
Baqoura en arabe, ou Naharayim en hébreu, est une zone de quelque 6 km2 située au confluent du Jourdain et du Yarmouk, sur la partie nord de la frontière israélo-jordanienne. Ghoumar, appelé Tzofar en hébreu, est une zone d'environ 4 km2, sur la ligne séparant les deux pays dans le sud.
Dimanche, à Naharayim, deux portails jaunes menant à un ancien barrage et plus loin à un checkpoint étaient enchaînés et verrouillés, empêchant ainsi l'accès au site désormais sous contrôle jordanien, selon un équipe de l'AFP sur place.
Selon des responsables locaux, des soldats israéliens étaient venus sur place la veille en fin de journée pour cadenasser l'accès au site, côté israélien.
Sur une colline de l'autre côté, des véhicules militaires circulaient et un drapeau jordanien flottait entre deux grandes tentes où doit avoir lieu lundi une cérémonie en présence du chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi.
"C'est que la reprise par la Jordanie de ces terres n'est pas une surprise. En octobre 2018, le roi Abdallah II avait notifié à Israël sa volonté de récupérer ces secteurs frontaliers.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait alors répondu vouloir ouvrir des négociations pour maintenir le statu quo, mais aucune entente n'est intervenue pour proroger l'accord, ce qui irrite nombre d'Israéliens sur place.
Léger baume ? Les autorités jordaniennes ont précisé dimanche qu'elles allaient autoriser les agriculteurs israéliens à cultiver leurs champs de l'autre côté de la frontière, mais après avoir reçu un visa de l'ambassade de Jordanie à Tel-Aviv.
Or la Jordanie avait rappelé fin octobre son ambassadeur à Tel-Aviv pour protester contre la détention sans inculpation en Israël de deux jeunes Jordaniens, qui ont toutefois été libérés ces derniers jours.