Abdelrahim Ali affirme : Erdogan fait tomber son masque de modéré et commence dès 2007 à islamiser les institutions turques
Le Dr Abdelrahim Ali, président du Centre d’Etudes du
Moyen-Orient à Paris, a révélé qu’Erdogan fit tomber son masque de modéré
lorsqu’il vit qu’aucun dirigeant européen n’était convaincu par lui, et qu’il
opéra un virage à 180° en renonçant à ses principes de modération dont il
faisait la propagande parmi les institutions européennes de prise de décisions.
C’est ainsi qu’il révéla sa réalité de membre de l’organisation internationale
des Frères – branche turque sous le nom de Milli Görüs.
Et Ali d’ajouter : « Il provoqua alors un
bouleversement à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie en 2007, en faisant
du parti de la Justice et du développement le parti dirigeant et en devenant
premier ministre, tandis qu’Abdallah Gül devenait président de la Turquie.
Il envoya des instructions nouvelles aux ambassades
turques, leur demandant d’initier un processus d’islamisation des institutions
turques, et à un niveau moindre, les membres de Milli Görüs obtinrent des
fonctions quasi gouvernementales, et prirent le contrôle de sociétés en
Occident comme la compagnie aérienne turque. Egalement, il demanda aux
ambassades de coopérer avec Milli Görüs dans des pays comme l’Allemagne,
l’Autriche, la Belgique ou la France. Cependant, certains ambassadeurs
refusèrent ces orientations nouvelles et présentèrent leur démission, tandis
que d’autres demandèrent le droit d’asile politique dans les pays où ils
représentaient la Turquie.
Au niveau de la prédication, la Présidence des affaires
religieuses (Diyanet) était le rempart contre l’islam politique à l’intérieur
de la Turquie, mais depuis 2007, du fait de l’afflux important de membres du
parti de la Justice et du développement et de Milli Görüs à l’intérieur de
Diyanet, ses orientations furent bouleversées, et même le sermon du vendredi
dans les mosquées contrôlées par Diyanet et dans celles contrôlées par Milli
Görüs fut unifié. Et c’est ainsi que Diyanet devint l’instrument de base pour
la domination des mosquées turques et des expatriés turcs par l’islam
politique. Le seul problème était que les gouvernements occidentaux n’avaient
pas de solution à ce problème, et même s’ils continuèrent à traiter avec
Diyanet sans traiter avec Milli Görüs, le résultat fut le même, car il n’y
avait plus de différence entre les deux institutions ».
Ces déclarations ont été faites lors du colloque organisé
vendredi par le Centre d’Etudes du Moyen-Orient à Paris, présidé par le
journaliste Abdelrahim Ali, sous le titre « « La politique extérieure
de la Turquie et ses conséquences désastreuses pour l’Europe ». Y
participent le directeur exécutif du CEMO Dr Ahmad Youssouf, Pierre Berthelot,
Roland Lombardi, Joachim Véliocas, et Garen Shnorhokian, ainsi qu’un grand
nombre d’experts et de spécialistes du Moyen-Orient et de l’Europe, et des
journalistes arabes et français.