Le Mali frappé par plusieurs attaques de l’État islamique
Frappé en pleine tête en Syrie la semaine dernière, avec la perte de son leader Abou Bakr al-Baghdadi, l’organisation «État islamique» a démontré en un week-end qu’elle pouvait encore faire parler d’elle. Les djihadistes ont revendiqué samedi la mort du brigadier Ronan Pointeau, victime d’un engin explosif improvisé qui a visé son véhicule blindé léger près de Ménaka, au Mali. Issu du 1er régiment de spahis de Valence, engagé depuis le mois d’octobre dans l’opération «Barkhane» au Sahel, le militaire de 24 ans est décédé des suites de ses blessures. Il était embarqué au sein d’un détachement du «groupement tactique désert blindé», chargé d’une escorte de convoi: les routes maliennes sont toutes potentiellement piégées par les groupes terroristes disséminés dans la bande sahélo-saharienne. Le danger est permanent.
Dans une pure logique d’opportunité, les djihadistes se sont attribué «l’attaque». À Paris, l’état-major des armées n’a pas commenté la revendication, pour ne pas alimenter la logique médiatique des terroristes. Ceux-ci jouent de la marque «État islamique» pour donner de la résonance à leurs actions. L’EI avait aussi «revendiqué » l’attaque de vendredi, qui a coûté la vie à 49 soldats maliens à Indelimane, près de Ménaka, près de la frontière avec le Niger. Cette offensive a été l’une des plus lourdes pour les Forces armées maliennes (FAMa), toujours aussi vulnérables. Aucun lien direct n’a été établi entre les deux attaques des terroristes. Mais leur concomitance souligne la persistance de la menace islamiste au Sahel. Samedi, deux autres militaires maliens ont été tués par des engins explosifs lors d’une patrouille au centre du pays. Des attaques djihadistes, le 30 septembre à Boulkessy et le 1er octobre à Mondoro, dans le sud du pays, près du Burkina Faso, avaient déjà causé une quarantaine de morts.
«Dans un contexte sécuritaire dégradé, la mort du brigadier Ronan Pointeau nous montre que le combat contre les groupes terroristes n’est pas terminé et notre détermination à le poursuivre est entière», a déclaré dans un communiqué la ministre des Armées Florence Parly, en ajoutant «une vive pensée pour les militaires maliens décédés». Elle a annoncé une prochaine visite au Mali. Elle doit se rendre la semaine prochaine au forum de Dakar au Sénégal, où il sera question de la sécurité en Afrique de l’Ouest.
Impossible victoire
Engagée depuis 2014 au Sahel dans le cadre de l’opération «Barkhane», l’armée française est confrontée à un défi: les FAMa sont encore loin de pouvoir assumer seules le contrôle de leur territoire, où se cachent les groupes terroristes. Du 14 au 20 octobre, les FAMa appuyées par «Barkhane» avaient pourtant mené une opération dans la région de Ménaka, avec «saisie d’armes» et «tir d’obus de mortier sur des positions précédemment utilisées par les groupes armés terroristes», avait relaté l’état-major des armées la semaine dernière. Le «groupement tactique désert n° 2» (GTD-2) et les FAMa avaient ensuite «marqué leur présence» près de la frontière avec le Niger. La zone n’a pas pour autant été sécurisée…
Si la suprématie des forces françaises n’est pas mise en danger, «Barkhane» court derrière une victoire impossible, faute de solution venue du Mali. La France, qui risque d’être engagée pour longtemps au Sahel et d’y subir des pertes, cherche des relais pour soulager son fardeau. Mais en Europe, peu d’autres peuvent répondre présents. Le 25 octobre, Florence Parly s’est réjouie que le Danemark ait décidé le déploiement à Gao de deux hélicoptères Merlin, d’un avion C-130J et de quelque 140 personnels et militaires. Comparé aux 4 500 soldats français engagés dans «Barkhane», l’effort reste symbolique.