Macron revient en Chine pour chercher la voie d’une coopération
dimanche 03/novembre/2019 - 08:19
La main tendue plutôt que le bras de fer. Alors que Donald Trump s’est lancé dans une guerre commerciale risquée avec la Chine, Emmanuel Macron tente d’explorer la voie de la coopération. Le président de la République entame ce lundi à Shanghaï une visite d’État de trois jours, la deuxième depuis 2018 et pas la dernière, puisqu’il avait alors assuré vouloir se rendre en Chine une fois par an durant son mandat. «Ce qui marche dans la relation entre la France et la Chine, c’est la régularité et le temps long», explique un conseiller du président de la République. L’année dernière, Emmanuel Macron avait posé les bases de sa relation avec la Chine ; cette année, il vient récolter les premiers résultats. Ils sont avant tout commerciaux.
«Cette dimension commerciale est la priorité de notre visite avec des enjeux pour nos entreprises, en particulier dans le secteur agroalimentaire où nous souhaitons bénéficier de davantage d’accès aux marchés», reconnaît-on à l’Élysée. C’est dans ce cadre qu’Emmanuel Macron inaugurera mardi, en tant qu’«invité d’honneur» la Foire aux importations de Shanghaï. Une invitation formulée en mars dernier par le président chinois, Xi Jinping, à l’occasion de sa visite d’État en France. Lors de cette foire, les entreprises françaises doivent annoncer la signature d’une quarantaine de contrats dans les secteurs de l’aéronautique, de l’énergie, de l’agroalimentaire mais également du tourisme et de la santé. Le président de la République doit par ailleurs prononcer un discours pour détailler sa vision des relations commerciales entre la France et la Chine et, au-delà, entre l’Europe et la Chine. «Les États-Unis posent les bonnes questions mais n’apportent pas forcément les meilleures réponses», explique un conseiller du chef de l’État.
Pour Emmanuel Macron, il s’agit toujours de défendre sa vision multilatérale du monde, à l’opposé du protectionnisme mis en œuvre par le président américain. Une position qui rencontre un écho en Chine. «Face à la montée de la politique du plus fort constatée aujourd’hui dans la situation internationale, il est nécessaire que la Chine et la France travaillent ensemble pour faire passer un message de soutien au multilatéralisme», a expliqué le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, en amont du déplacement d’Emmanuel Macron. «Le message des Chinois est qu’ils sont contre le protectionnisme et la guerre commerciale. Nous ne sommes pas d’accord avec ça non plus. Mais l’Europe, qui est un partenaire important, ne doit pas être la victime collatérale ou la variable d’ajustement de cette guerre commerciale ou d’un accord avec les États-Unis», met toutefois en garde un proche d’Emmanuel Macron. Le président de la République se présentera devant son homologue, Xi Jinping, avec une liste de demandes: accord sur la protection des investissements européens, sécurisation des exportations de volailles (après le bœuf et le porc), relance du nucléaire civil… «Un signal important serait que l’on avance sur l’un de ces points pour montrer que le dialogue constructif, ça marche aussi», espère un proche d’Emmanuel Macron. Au-delà de l’enjeu commercial, il s’agit aussi de resserrer les liens avec la Chine avec un important volet culturel, «la deuxième priorité du déplacement», insiste un conseiller. Le président de la République inaugurera à Shanghaï sur le West Bund une déclinaison locale du centre Georges-Pompidou, le premier ouvert en dehors de l’Europe. Le chef de l’État emmène dans sa délégation Guillaume Canet. L’acteur et réalisateur prépare un nouveau film d’Astérix dont une partie se déroulera en Chine. «Il y a plein d’imaginaires populaires à créer pour que nos deux peuples se parlent plus facilement», explique-t-on à l’Élysée. Le dialogue est plus compliqué sur la question des droits de l’homme ou celle, toujours très actuelle, de la révolte de la population de Hongkong contre Pékin.