Publié par CEMO Centre - Paris
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L'interview de Macron à "Valeurs actuelles" provoque des remous en Ukraine et en Bulgarie

samedi 02/novembre/2019 - 08:51
La Reference
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De l’opération de communication à l’incident diplomatique il n’y a qu’un pas, qu’Emmanuel Macron n’était pas loin de franchir après son interview au journal très droitier Valeurs actuelles. Ce samedi 2 novembre, Le Parisienrapporte en effet que le ministre ukrainien des Affaires étrangères a convoqué vendredi 1er novembre l’ambassadeur de France en poste à Kiev après la publication de cet entretien. 

Officiellement, il s’agissait de “clarifier des propos attribués au président français” dans les médias, selon le communiqué diffusé par la chancellerie ukrainienne, qui ne mentionne pas explicitement l’hebdomadaire dirigé par Yves de Kerdrel. Toutefois, le thème de cette discussion, portant sur “les citoyens de l’Ukraine voyageant en France”, ne laisse guère de place au doute quant aux “propos” qu’il s’agissait de “clarifier”. 

Auprès de Valeurs actuelles, Emmanuel Macron s’est en effet longuement exprimé sur l’immigration, indiquant qu’il préférait, pour pourvoir les postes de plongeurs dans les restaurants, “avoir des gens qui viennent de Guinée ou de Côte d’Ivoire légaux, qui sont là et qui font ce travail, que des filières ukrainiennes clandestines”. Des propos qui ont fait tiquer à Kiev, et qui ont donc valu à l’ambassadeur français cette discussion, au cours de laquelle il s’est visiblement montré convaincant.

“L’ambassadeur de France a noté qu’il n’y avait aucune plainte, côté français, à l’encontre des citoyens ukrainiens voyageant en France. Ainsi, les propos d’Emmanuel Macron concernant la migration et l’emploi légal ont été sortis de leur contexte”, indique le communiqué, précisant plus loin que les deux parties ont “confirmé qu’il existait une compréhension et une coopération complètes entre Kiev et Paris dans la mise en œuvre des accords sur la circulation des citoyens des deux pays”.

Des propos sortis de leur contexte? Ce n’est pas vraiment ce qui ressort de cette enquête de L’Opinion, révélant les coulisses de l’entretien entre Emmanuel Macron et Valeurs actuelles. Selon le journal libéral, l’interview a bien été relue et corrigée par l’Élysée, l’entourage du président ayant apporté “une trentaine de modifications” à la première version de cet échange. Laissant donc ce passage sur les “filières ukrainiennes clandestines” en l’état. 

“Arrogance politique”

Même agacement du côté de la Bulgarie. La diplomatie bulgare a en effet fait savoir que les propos du président sur les “filières bulgares clandestines” méritaient des “explications”. “La ministre bulgare des Affaires étrangères Ekaterina Zaharieva a demandé à l’ambassadeur bulgare en France Anguel Tcholakov de remettre une note de protestation au ministère français des Affaires étrangères”, a déclaré à l’AFP un conseiller de la ministre. 

Dans un contexte de tension entre Paris et Sofia au sujet d’une réforme du transport routier en Europe, “l’ambassadrice de France Mme Florence Robine est convoquée lundi au ministère bulgare pour des explications”, a poursuivi ce conseiller, alors que les propos d’Emmanuel Macron sont largement commentés par la presse bulgare. 

Le vice-premier ministre et ministre bulgare de la Défense Krassimir Karakatchanov a également exprimé sa colère. “Il s’agit d’une nouvelle manifestation d’arrogance politique. Je m’oppose catégoriquement à ce que l’on tente de discréditer notre pays et de violer les droits des ressortissants bulgares”, a-t-il écrit sur sa page Facebook. 

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