Le Drian : « La France veut défendre sa place en Afrique »
Le
ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères s'est exprimé à
l'occasion de sa visite de travail de trois jours au Cameroun.
C'est véritablement un signe tangible d'un certain réchauffement des
relations entre la France et le Cameroun que cette visite de travail entreprise
par Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l'Europe et des Affaires
étrangères sur les bords du fleuve Wouri. À Lyon, où s'est tenue la sixième
conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme le 10 octobre dernier, la
rencontre entre les présidents Paul Biya et Emmanuel Macron avait retenu
l'attention des observateurs qui y avaient décelé un signe prometteur. Depuis,
sur fond de logique de dialogue national, l'opposant Maurice Kamto et nombre de
ses compagnons de parti, le MRC, ont été libérés et l'entremise de la France a,
semble-t-il, pu aider à trouver une porte de sortie pour presque tout le monde.
De quoi rassurer les partisans d'une relation encore plus étroite entre Yaoundé
et Paris.
Pour la France,
une place à tenir
D'ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le
Drian, n'y est pas allé par quatre chemins. « La France doit tenir sa
place en Afrique face à la concurrence chinoise », a-t-il dit. Et de
promettre des partenariats « gagnant-gagnant » aux pays africains qui
font le choix des entreprises françaises. « En Afrique, nous devons tenir
notre place », a-t-il lancé lors d'un échange avec des chefs d'entreprises
à Douala, capitale économique du Cameroun, en référence notamment aux grands
chantiers d'infrastructures. « Parfois, on a tendance à oublier que la
France a des qualités industrielles et entrepreneuriales dans ce domaine [des
infrastructures, NDLR] depuis longtemps. Ce n'est pas obligatoirement l'apanage
d'entreprises plus lointaines, qui ont une appétence respectable pour
l'Afrique », a-t-il ajouté en référence à la compétition chinoise.
La
concurrence chinoise visée
Il faut dire que Pékin a développé une présence massive dans le continent,
notamment à travers le projet pharaonique des « nouvelles routes de la
soie », qui prévoit de connecter la Chine à l'Asie, l'Europe et l'Afrique
à travers la construction de ports, de lignes ferroviaires et d'aéroports.
Certaines critiques, notamment venues de pays occidentaux, estiment que les
pays les plus pauvres sont poussés à s'endetter pour financer des
infrastructures inutiles. « Lorsqu'on fait, on fait aussi gagnant-gagnant pour
nos partenaires africains », a insisté le chef de la diplomatie française,
également chargé du portefeuille du commerce extérieur, à l'intention des
autorités camerounaises.
Encore
des cartes à jouer pour la France
La France reste le premier investisseur étranger au
Cameroun, avec 1,1 milliard d'euros en 2018, mais a perdu sa place de premier
fournisseur face à la Chine. Jean-Yves Le Drian s'est rendu symboliquement sur
un pont, un ouvrage de 178 millions d'euros financé par l'Agence
française de développement (AFD), nouvellement construit au-dessus du fleuve
Wouri à Douala. « Il n'y a pas de symbole plus fort qu'un pont [...] dans
la relation que nous voulons renforcer avec le Cameroun », a souligné
Jean-Yves Le Drian. Autant de points qui illustrent bien que cette visite de Le
Drian mercredi et jeudi au Cameroun avait vraiment pour but de renforcer ce
partenariat et de soutenir les « efforts de paix » du président Paul
Biya, lequel a multiplié les gestes d'apaisement ces dernières semaines dans
plusieurs crises, notamment celle des régions anglophones.