En Irak, des destins brisés
Elle vit dans le camp de Djadda, non loin
de Mossoul, en bordure de la plaine de Ninive. Je l’ai rencontrée dans l’abri
surchauffé qui lui sert à la fois de maison, d’univers et d’horizon. Coincée
entre les rangées interminables de tentes qui abritent les familles irakiennes
soupçonnées d’avoir eu un lien avec l’État Islamique, et dont les maris sont
disparus, tués ou emprisonnés, Dounia m’attend, entourée de ses enfants.
Ses traits
sont marqués, renforcés par la noirceur de ses vêtements, le voile est discret
et la parole convenue. De son parcours, je ne vais apprendre que l’essentiel :
son mari a rejoint l’État Islamique mais « pas comme combattant, il était juste
chauffeur, ou livreur ou comptable ». Elle ne sait plus trop.
Elle n’était pas forcément religieuse mais elle l’a suivi. Au début, le Califat, c’était le paradis sur Terre, même avec les enfants jouant dans la poussière de Mossoul.