Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Liban : malgré les annonces, des dizaines de milliers de personnes continuent de manifester

jeudi 24/octobre/2019 - 12:40
La Reference
طباعة

Pour le sixième jour consécutif, les Libanais sont descendus par dizaines de milliers dans les rues mardi 22 octobre, malgré les réformes économiques d’urgence concédées lundi par le pouvoir. Dans la soirée, comme si les annonces faites la veille par le premier ministre Saad Hariri n’avaient pas eu lieu, les manifestants ont à nouveau envahi les rues de Beyrouth et de nombreuses autres villes du pays.

Les lueurs de milliers de téléphones portables et une forêt de drapeaux libanais ont salué l’apparition de slogans prouvant une volonté intacte de poursuivre la lutte : « Révolution jusqu’à la victoire ! »« Manifestations, manifestations jusqu’à la chute du régime ! » Dans les rues de Beyrouth, un groupe de jeunes juchés sur une voiture a appelé en chantant à la « désobéissance civile »« Ils croient que ce sera terminé demain, mais demain nous serons toujours là », a lancé au micro et sous les vivats un jeune homme sur l’estrade installée place des Martyrs, au cœur de la capitale.

Un rassemblement s’est aussi formé devant le siège de la Banque centrale. « Nous ne paierons pas les taxes. Que les banques les payent ! », ont scandé les manifestants. Les banques, les écoles et les universités sont restées fermées, et elles le seront à nouveau mercredi.

Infrastructures en déliquescence

Manifestation à Tripoli, dans le nord-ouest du Liban, le 22 octobre.Manifestation à Tripoli, dans le nord-ouest du Liban, le 22 octobre. OMAR IBRAHIM / REUTERS

Le scepticisme de la foule, mêlé de colère, s’était fait sentir dès l’annonce lundi soir par Saad Hariri de son plan qui se voulait pourtant décisif : mesures contre la corruption, budget sans nouveaux impôts, programme de privatisations pour lutter contre la gabegie des services publics, aides en faveur des plus défavorisés…

Son discours à peine terminé, les slogans-phares de la contestation ont retenti de plus belle, notamment celui réclamant le départ immédiat de l’ensemble des responsables politiques : « Tous, cela veut dire tous ! »

Depuis la fin de la guerre civile en 1990, les infrastructures du pays sont restées en déliquescence et les Libanais font toujours face à des coupures quotidiennes d’eau et d’électricité. Selon le chercheur en sciences politiques Karim El-Mufti, il aurait fallu des « mesures beaucoup plus radicales », au-delà d’annonces économiques d’urgence, pour convaincre les Libanais qui réclament une refonte en profondeur du système. Heiko Wimmen, analyste à l’International Crisis group, est du même avis : « Il s’agit de mesures techniques qui peuvent améliorer la situation budgétaire du pays mais ne sont pas à la hauteur du défi posé par les manifestants. »

Série de consultations

Déclenché par l’annonce le 17 octobre d’une nouvelle taxe sur les appels effectués via la messagerie WhatsApp, le mouvement de colère a pris les responsables politiques de court. L’annulation rapide de la mesure n’a pas empêché la colère de prendre de l’ampleur. Fait aussi rare que marquant, la mobilisation a gagné l’ensemble du pays et un tabou a été brisé dans les fiefs chiites du Hezbollah pro-iranien, où même son leader Hassan Nasrallah a été pris à partie par la foule.

M. Hariri a entamé de son côté une série de consultations avec des ambassadeurs à Beyrouth pour leur présenter son plan de réformes en espérant, selon un de ses conseillers, « des réactions très positives ». Faute des réformes structurelles promises, le Liban est toujours dans l’attente du versement d’une aide de 11 milliards de dollars promise en avril dernier par des pays donateurs.




"