Liban: Beyrouth gronde toujours après les annonces du Premier ministre
Au Liban,
le gouvernement présente ses mesures pour calmer la colère de la rue. Pas de
nouveaux impôts en 2020, les salaires des ex-ministres et députés réduits de
moitié, de nouvelles taxes sur les banques… Pas suffisant pour les
manifestants. Pour le cinquième jour de suite, ils étaient des dizaines de
milliers dans les rues de Beyrouth et du pays contre une classe politique jugée
corrompue.
Du haut des marches de l’imposante mosquée
Al-Amine, Nour domine la foule. Une marée de drapeaux rouge et blanc frappés du
cèdre vert s’agite devant elle. L’étudiante de 26 ans manifeste pour le
cinquième jour de suite. « On
a besoin d’électricité 24 heures sur 24, on a besoin d’une eau propre, on a
besoin d’un système de santé pour les personnes âgées. On demande une vie
meilleure ici. C’est tout ce qu’on veut. »
Ce que réclame aussi le peuple, c’est « la chute du régime ».
Patrick étudie les sciences politiques. « La barrière de peur a été brisée pour la première
fois. On se plaint tous de la situation, je parle en tant que jeune, né après
la guerre civile [1975-1990]. On a hérité d’un système qu’aujourd’hui, on
peut plus supporter. Pas de confiance, on reste là, on veut un gouvernement
transitionnel avec des prérogatives spéciales. »
Dans l’après-midi, les annonces du Premier
ministre résonnent
dans les hauts-parleurs. « Révolution ! » répondent les
manifestants.
Sur un trottoir, Mahdi et Ali reprennent
les slogans, suspendus entre deux arbres dans un hamac. « On va rester jusqu’à ce
qu’ils règlent les problèmes. Ils ne peuvent pas venir juste avec un papier
avec des soit-disantes solutions et dire "c’est bon, tout va bien".
Non, ça ils le font depuis 30 ans. La situation est de pire en pire. Ils ne
peuvent se moquer de nous comme ça. »
Les banques resteront fermées aujourd’hui
pour le quatrième jour de suite et le pays devrait tourner au ralenti.