Au Liban, des annonces ambitieuses, mais qui ne convainquent pas
L’épreuve de force entre la rue et le
gouvernement promet de se poursuivre au Liban. Les protestataires massés depuis
cinq jours dans le centre de Beyrouth et de plusieurs autres villes du pays ont
massivement rejeté le plan de réformes, pourtant très ambitieux, proposé lundi
21 octobre par le premier ministre, Saad Hariri.
Forts de leur nombre et mus par leur rejet
viscéral du « système », les manifestants continuent à réclamer la
démission de l’exécutif. « Même si la feuille de route présentée
par Hariri est en apparence révolutionnaire, la classe politique est devenue
inaudible, observe Karim Emile Bitar, professeur de sciences
politiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth. La crise de
confiance est encore plus grave que la crise économique et sociale. Le
gouvernement a perdu toute crédibilité. »
Le programme dévoilé par le premier
ministre, axé sur un retour à l’équilibre budgétaire sans hausse de
l’imposition, mêle réductions de la dépense publique, ponction du secteur
bancaire, aide aux plus pauvres et lutte contre la corruption. La décision la
plus symbolique est la baisse de 50 % du traitement des ministres, députés
et présidents (du conseil des ministres, du Parlement et de l’Etat), en poste
et honoraires. A cette disposition drastique, s’ajoute la suppression du
ministère de l’information et de plusieurs organismes étatiques.
« Vous êtes la boussole »
Parallèlement, le plan Hariri requiert la
contribution de la banque centrale et des banques commerciales à une baisse du
déficit public de l’ordre de 5 100 milliards de livres libanaises
(3 milliards d’euros). Le chef du gouvernement se propose d’atteindre cet
objectif par une réduction du service de la dette, contractée principalement auprès
des établissements de crédit libanais, et une nouvelle hausse de l’impôt sur
les intérêts bancaires.