Le gouvernement libanais, sous la pression de la rue, adopte une série de réformes et le budget 2020
mardi 22/octobre/2019 - 12:28
Confronté à une contestation populaire
inédite, le premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé, lundi
21 octobre, l’adoption d’une série de réformes et du budget 2020, retardés
ou bloqués par les divisions au sein de la coalition gouvernementale. Ces
mesures ont été annoncées à l’issue d’une réunion extraordinaire du
gouvernement, alors que le mouvement de contestation déclenché jeudi réclame le
départ de l’ensemble de la classe politique, jugée corrompue et incapable de
trouver des solutions à la grave crise économique et sociale qui perdure.
Lors de cette conférence de presse, Saad
Hariri a notamment promis un « budget 2020 sans impôts supplémentaires pour
la population », une baisse de 50 % des salaires du
président et des ex-présidents, des ministres et des députés, ainsi que de
nouvelles taxes sur les banques.
Il a toutefois affirmé que l’adoption de réformes-clés par son gouvernement ne
visait pas à mettre fin au mouvement de protestation inédit qui secoue le Liban
depuis cinq jours et que « ces décisions [n’avaient] pas été prises en vue
d’un marchandage ». En revanche, le chef du gouvernement s’est
adressé directement aux manifestants et les a assurés de son soutien concernant
les élections anticipées qu’ils réclament : « Votre voix est entendue, et si vous réclamez
des élections anticipées (…), moi, Saad Hariri, je suis personnellement avec
vous. » Les dernières élections législatives ont eu lieu
en mai 2018.
Des dizaines de milliers de manifestants à Beyrouth
Retransmises en direct par haut-parleurs
sur les lieux des rassemblements géants du centre-ville de Beyrouth, les
annonces de M. Hariri n’ont apparemment pas convaincu : elles ont été
accueillies par les dizaines de milliers de manifestants aux cris de « Révolution,
révolution » et « le peuple veut la chute du régime »,
les slogans phares de la contestation. « Mensonge, c’est du mensonge »,
s’exclamait Chantal, une manifestante de 40 ans, un drapeau libanais dessiné
sur le visage. « C’est de la poudre aux yeux. Qui peut garantir que ces
réformes seront appliquées ? », demandait-elle.
Dimanche, des centaines de milliers de Libanais avaient manifesté dans une ambiance festive pour réclamer, du nord au sud du pays, le départ d’une classe politique accusée d’avoir pillé le pays où plus du quart de la population vit sous le seuil de pauvreté et qui affiche une dette publique représentant 150 % de son produit intérieur brut. De Beyrouth à la ville à majorité sunnite de Tripoli, dans le Nord, des localités chiites du Sud aux villes druzes ou chrétiennes de l’Est, les Libanais ont défilé pour exprimer leur ras-le-bol, pour le quatrième jour de ce mouvement d’une ampleur inédite.