Publié par CEMO Centre - Paris
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Pourquoi les États-Unis ne doivent pas entrer en guerre contre l'Iran

mardi 22/octobre/2019 - 12:21
La Reference
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Depuis le retrait américain de l'accord nucléaire en mai 2018, rien ne va plus entre Téhéran et Washington. Après avoir affirmé sur les chaînes américaines que cet accord, signé à Vienne (Autriche) en juillet 2015, était «le pire accord qui soit», Trump a rétabli les sanctions contre la République islamique d'Iran, entraînant une grave crise économique dans le pays et un renforcement du pouvoir des conservateurs, ceux-là même qui étaient déjà contre l'accord il y a quatre ans.

 

Ce retrait unilatéral des États-Unis a également laissé à l'Europe le rôle de médiateur. Les membres de l'Union tentent de sauver ce qu'il reste de l'accord alors même que l'Iran menace de s'affranchir de certains de ses engagements. Téhéran a annoncé début juillet qu'il recommençait à enrichir son uranium. En septembre, le président Rohani a affirmé que le pays reprenait la recherche et développement dans le domaine du nucléaire. Enfin, Téhéran a menacé de passer à la prochaine étape dans les deux mois, si aucune solution n'était trouvée par les Européens.

Loin de faire plier l'Iran, la stratégie américaine de pression maximale pousse Téhéran à répondre en «montrant des dents», explique Thierry Coville, chercheur à l'Iris, spécialiste du pays. Preuve s'il en est, les tensions dans le Golfe persique.

Le 13 juin on assistait à l'attaque de deux pétroliers et quelques jours plus tard, le 20 juin, l'Iran affirmait avoir abattu un «drone espion américain». «Les Iraniens sont plus confiants. Il voient que jusqu'à présent leur stratégie de résistance contre les États-Unis semble fonctionner. Ils sont donc encouragés à aller plus loin et c'est là leur erreur. Ils font un mauvais calcul en pensant que Trump est réticent à s'engager au Moyen-Orient», explique Ali Vaez, directeur du programme Iran à l'International Crisis Group à Washington. «La stratégie iranienne, c'est de dire: “J'ai des alliés dans la région”. Le risque, c'est qu'il y ait un événement qui conduise à un conflit. Il suffit d'un mauvais calcul, d'une mauvaise interprétation ou d'une surréaction», s'inquiète Thierry Coville. Ainsi, selon Ali Vaez, «aucun des partis ne veut la guerre mais ils peuvent très facilement y sombrer».

Une «guerre totale»

Or, si un conflit éclate et que l'Iran est attaqué, les conséquences seront désastreuses. Le 20 septembre le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a affirmé lors d'une interview pour CNN que, en cas d'attaque contre l'Iran, il faudra s'attendre à une guerre totale dans la région.

«Cette réponse, c'est finalement la stratégie militaire de l'Iran, affirme Thierry Coville. Du fait des sanctions, la République islamique ne fait pas le poids en matière d'équipement militaire ou d'aviation, ils utilisent donc la stratégie de dissuasion.»

Interrogé l'an dernier sur les représentations de martyrs dans les rues et sur les façades de certains bâtiments iraniens, Habib Ahmadzadeh, chercheur iranien spécialiste du conflit Iran-Irak expliquait que ces fresques à la gloire des suppliciés sont des moyens de dissuasion face aux menaces étrangères et non pas un appel à la guerre: «Ces images sont une manière de dire que, en cas de guerre, notre peuple est prêt à se battre pour se défendre», déclarait-il.


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