Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Face au tollé international provoqué par son offensive en Syrie, Erdogan durcit le ton

jeudi 17/octobre/2019 - 12:38
La Reference
طباعة

Recep Tayyip Erdogan continue de faire monter la pression. Le président turc a de nouveau rejeté, mercredi 16 octobre, toute possibilité de cessez-le-feu dans le nord de la Syrie en guerre depuis 2011. Une semaine jour pour jour après son déclenchement, l’offensive turque contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) a déjà rebattu les cartes politico-diplomatiques.

  • Erdogan laisse planer le doute sur sa rencontre avec Pence

M. Trump, qui avait dans un premier temps donné son feu vert à l’opération turque en retirant les troupes américaines stationnées au nord de la Syrie, a depuis exhorté Ankara à stopper son offensive et autorisé des sanctions contre la Turquie.

Pour demander à Ankara de « mettre fin à l’invasion » en Syrie et de décréter un « cessez-le-feu immédiat », il a décidé de dépêcher en Turquie son vice-président, Mike Pence, et son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo. Ces derniers devaient rencontrer jeudi M. Erdogan pour tenter de le convaincre de négocier une trêve avec les combattants kurdes.

Le chef de l’Etat turc a annoncé, mercredi, qu’il ne s’entretiendrait pas avec eux : « Ils rencontreront leurs homologues. Moi, je ne parlerai qu’à Trump, s’il vient. » Des propos contredits un peu plus tard sur Twitter par le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun. Selon lui, M. Erdogan « prévoit bel et bien de rencontrer la délégation américaine ». M. Altun a également publié une courte vidéo où M. Erdogan affirme à des médias turcs qu’il rencontrera MM. Pence et Pompeo.

En revanche, le président turc se rendra le 22 octobre en Russie pour s’entretenir avec son homologue russe, Vladimir Poutine.

  • L’ultimatum turc aux forces kurdes

Sommé par les pays occidentaux de stopper son offensive en Syrie, le président turc a exclu toute négociation avec les forces kurdes. « Certains dirigeants essayent de mener une médiation. Il n’y a rien de tel dans l’histoire de la République turque que de s’asseoir à une même table avec une organisation terroriste », a-t-il déclaré.

« Notre proposition est la suivante : tout de suite, ce soir, que tous les terroristes déposent leurs armes et leurs équipements, détruisent toutes leurs fortifications et se retirent de la zone de sécurité que nous avons fixée », a ajouté le président devant les parlementaires de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).

 « Lorsque ce que nous avons décrit sera fait, de Manbij à la frontière irakienne, alors notre opération Source de paix, qui ne vise que les terroristes, se terminera d’elle-même », a-t-il poursuivi.

Donald Trump a lui estimé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une sanglante guérilla contre la Turquie depuis plusieurs décennies, était « probablement » une plus grande « menace terroriste » que le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

De son côté, le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les combattants kurdes, Mazloum Abdi, a annoncé le « gel » des opérations contre le groupe Etat islamique (EI), muté en organisation clandestine depuis sa défaite en mars. Les FDS se contenteront d’opérations « défensives face à Daech », a-t-il ajouté.

  • Les Russes investissent les ex-zones américaines

Le vide laissé par le retrait des troupes américaines sur le terrain n’aura pas duré longtemps. Des médias russes ont montré mercredi des premières images des troupes russes et syriennes prenant position dans la zone de Manbij.

Moscou a pour sa part précisé que sa police militaire patrouillait désormais dans la région, afin d’éviter des heurts armés entre forces turques et syriennes. « Les autorités syriennes et le commandement russe ont pris toutes les mesures pour assurer la sécurité du retrait des troupes étrangères », a par ailleurs ajouté, dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère russe de la défense.

  • La Chambre des représentants condamne le retrait américain

Donald Trump a défendu bec et ongles le retrait des troupes américaines de Syrie, mettant en avant ses promesses de campagne et minimisant la menace qui pèse sur les forces Kurdes. « Je suis prêt à parier – c’est mon instinct politique qui me le dit  que c’est ce que l’Amérique veut ».

La Chambre des représentants a adopté une résolution non contraignante condamnant la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie. Présentée par des élus démocrates et républicains, cette résolution « s’oppose à la décision de mettre fin aux efforts des Etats-Unis pour empêcher les opérations militaires turques contre les forces kurdes syriennes dans le nord de la Syrie ». Elle a été adoptée par 354 voix contre 60, avec l’approbation de 129 républicains sur les 197 siégeant à la Chambre.

Lors d’une réunion à la Maison Blanche, le président s’en est ensuite pris à la présidente démocrate de la Chambre des représentants, traitant Nancy Pelosi de « politicienne de bas étage »« Nous avons vu le président craquer, c’est triste à dire », a déclaré Nancy Pelosi, en quittant la réunion. « Il a été insultant, particulièrement envers » Mme Pelosi, a affirmé Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat. « Elle a totalement gardé son calme mais il l’a traitée de politicienne de bas étage », a-t-il affirmé.

  • L’ONU s’inquiète de la dispersion des djihadistes

Dans une très courte déclaration adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité de l’ONU s’inquiète « du risque de dispersion » des djihadistes retenus prisonniers dans le nord-est de la Syrie, sans toutefois réclamer la fin de l’offensive militaire turque contre les Kurdes, et fait part de sa « grande préoccupation » face à l’éventualité d’une « détérioration accrue de la situation humanitaire » dans le nord-est de la Syrie.

                                                                                                           


"