Publié par CEMO Centre - Paris
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Khalifa Haftar à Sputnik: je ne songe pas encore à briguer la présidence de la Libye

mercredi 16/octobre/2019 - 05:36
La Reference
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L'Armée nationale libyenne (ANL) ne s'est pas fixé de délai pour achever l'opération de prise de Tripoli car les militaires cherchent à éviter de faire des victimes parmi les civils, a déclaré dans une interview à Sputnik le général Khalifa Haftar, commandant de l'ANL.

D'après Khalifa Haftar, même après la prise de la capitale il sera trop tôt pour parler de l'élection présidentielle dans le pays, et lui-même ne songe pas encore à avancer sa candidature pour la présidence. Il donne également son point de vue sur le chef du Conseil présidentiel de la Libye et sur la question de l'éventuelle candidature du fils de l'ancien dirigeant libyen, Saïf al-Islam Kadhafi.

Quel est le cadre temporel de l'opération de libération de Tripoli? Quand attendez-vous la fin des combats? Et qu'est-ce qui a empêché la progression de l'armée pendant cette période?

C'est une guerre pour libérer la capitale, où vivent près de deux millions de personnes, et non un projet où il est possible d'établir un cadre temporel concret. C'est une guerre contre les groupes terroristes et les bandes criminelles à qui il a été permis pendant plusieurs années de recevoir une immense quantité d'armes et énormément d'argent des caisses de l’État et des pays qui soutiennent le terrorisme, ainsi que d'utiliser des milliers de mercenaires.

Nous pourrions terminer cette guerre en une ou deux journées en utilisant des armements lourds, mais cela entraînerait la destruction de la ville et de nombreuses victimes civiles. Or nous plaçons la sécurité des habitants et de la ville au-dessus de tout, parce que le but de l'opération consiste à libérer la capitale, pas à la détruire.

Nous voulons débarrasser les habitants de Tripoli des bandes criminelles, et pas seulement entrer dans la capitale à tout prix. Nous sommes l'armée régulière, notre devoir national est de protéger nos habitants et leur sécurité. Nous protégeons Tripoli, nous ne l'attaquons pas, et nous n'avons jamais voulu causer du tort aux civils.

C'est pourquoi nous avons cherché à faire sortir les combattants à la périphérie de la ville, ce que nous sommes parvenus à faire en leur infligeant un grand préjudice. Nous entrerons dans Tripoli pour rendre à la ville la paix et son rôle de capitale pour tous les citoyens libyens, son rôle de capitale de la paix et de la sécurité. Nous libérerons ses habitants des bandes de combattants et de terroristes. L'armée se l'est jurée et nous ne reculerons pas. Nous sacrifierons nos vies pour cette mission.

A l'issue des activités militaires, avez-vous l'intention de vous présenter à l'élection présidentielle?

La fin des opérations militaires ne signifiera pas que les conditions pour le déroulement des élections seront immédiatement réunies. De nombreuses tâches doivent être remplies sur la voie des élections et de la Constitution permanente. Les élections sont impossibles sans la stabilité et la sécurité. Or la sécurité et la stabilité ne peuvent pas être assurées si des groupes terroristes et des bandes criminelles continuent d'agir, si une immense quantité d'armes circule hors de tout contrôle. Il faut d'abord régler la situation dans le pays en matière de sécurité, d'économie, de problèmes sociaux. En ce qui concerne mon éventuelle candidature à la présidence, je n'y songe pas pour l'instant.

Que pensez-vous des déclarations du fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, concernant son intention de se présenter à la présidentielle? Êtes-vous en contact avec lui? Où est-il actuellement - en Libye ou à l'étranger?

Je l'ignore. Il est citoyen de la Libye, si la loi l'autorisait, il aurait évidemment un tel droit.

Je ne juge pas depuis une position de partisan ou d'opposant à tout individu qui pense avoir suffisamment de capacités et de compétences pour avancer sa candidature. Cette question ne m'intéresse ni de près ni de loin. La décision de choisir le nouveau Président revient aux Libyens, et le fait de se porter candidat est une question qui n'intéresse que le candidat lui-même.

Quoi qu'il en soit, il est trop tôt pour parler de l'élection présidentielle aujourd'hui que nous menons une grande guerre libératrice.

J'ignore où Saïf al-Islam est aujourd'hui, il n'y a aucun contact entre nous. Cela ne signifie pas l'existence de différends ou d'une hostilité avec lui. Nos ennemis sont les terroristes, et tous ceux qui, armes à la main, vont contre les citoyens et portent atteinte à la sécurité et à la dignité de l'individu, pillent les richesses naturelles des Libyens et mettent en péril la sécurité de la patrie.

Quels efforts de médiation sont entrepris actuellement au niveau régional et international pour établir le contact avec le Conseil présidentiel de Fayez el-Sarraj et régler la crise afin de stopper les activités militaires et d'entamer le processus de paix?

Certains pensent par erreur que ledit conseil présidentiel a le droit de donner la consigne de poursuivre ou de cesser les combats aux groupes terroristes et aux rebelles qui se battent contre l'Armée nationale libyenne.

C'est un grand mensonge qui a été percé à jour au niveau régional et international.

En vérité, ce Conseil reçoit des directives de ces groupes - pas l'inverse. Son rôle se réduit seulement à trouver les finances, les armes et les mercenaires en fonction des ordres qui lui sont donnés. Le Conseil ne fait que les exécuter immédiatement.

Parmi le peu de membres restants du Conseil, y compris son chef, personne n'osera contester les ordres donnés par les groupes terroristes. Le Conseil ne fait qu'exécuter les ordres.

C'est une vérité qui n'a plus besoin de preuves. Sans parler du fait que plusieurs membres de ce Conseil appartiennent à des groupes terroristes.

Même les déclarations qui semblent provenir du Conseil sont en réalité préparées pour lui par des groupes terroristes, et son rôle se résume à signer ces déclarations et à les rendre publiques.

Comment peut-on régler le conflit libyen avec le Conseil s'il présente un tel niveau de soumission?

Cette vérité est devenue flagrante quand s'est avérée l'incapacité du chef du Conseil à tenir ses promesses. Chaque fois que nous pensions trouver une formule pour régler le conflit, il exigeait du temps pour des consultations avant de disparaître. Malheureusement, nous avons gaspillé un temps précieux en dialoguant avec lui en réponse aux efforts régionaux et internationaux. Et à présent il n'existe aucun intermédiaire, ni régional ni international, entre nous et le Conseil ou son chef. Le fait est que le monde a pris conscience que le Conseil était formel, et que son chef était incapable de tenir ses engagements. Cet individu est une figure soumise sans force réelle.

 

S'il m'avait demandé conseil, je lui aurait sincèrement suggéré de laisser la politique et les fonctions illusoires, de revenir à la décoration, au design de portes et de fenêtres, car il y a certaines conditions pour être président.

En ce qui concerne le début du processus de paix, nous pensons qu'il n'y a pas de solution politique possible tant que sont présents des groupes terroristes qui ne croient pas en l’État et dont l'idéologie consiste à considérer tous les autres comme des infidèles et à leur couper la tête. Ces groupes sont liés au réseau terroriste international. D'autres groupes agissent uniquement avec des armes, notamment ceux qui contrôlent la capitale.

Le premier pas vers tout règlement politique consiste à anéantir ces groupes, à les forcer à déposer les armes. C'est ce que nous faisons. C'est alors que les Libyens pourront lancer un dialogue calmement, confortablement, pour déboucher sur une solution politique en un temps record.

 


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