Djihadistes: Paris face à l’urgence en Syrie
L’option du transfert vers l’Irak
des djihadistes français détenus au nord-est de la Syrie refait surface. En
plein lâchage par les États-Unis de nos alliés kurdes qui gardent des
djihadistes étrangers dans le nord-est de la Syrie, un conseiller d’Emmanuel
Macron s’est rendu durant le week-end à Bagdad.
«Ce collaborateur est allé discuter avec les
autorités irakiennes de la question du transfert des djihadistes français vers
l’Irak et de la façon dont les forces spéciales françaises pouvaient se replier
chez nous», affirme au Figaro une
source diplomatique à Bagdad.
Le départ précipité des soldats
américains du Nord-Est syrien entraîne un retrait des 400 à 500 militaires
français de cette région, où l’armée syrienne s’est déployée face aux forces
turques et à leurs supplétifs syriens. Environ 12.000 djihadistes, dont 2500 à
3000 étrangers, sont détenus dans des prisons sous contrôle des Kurdes. Des
camps de déplacés accueillent à peu près 12.000 étrangers, 8000 enfants et 4000
femmes.
Plusieurs dizaines de djihadistes
français, dont plusieurs vétérans de «la guerre
sainte», sont encore aux mains des Kurdes syriens. Le chaos qui règne dans
les zones kurdes inquiète Paris. Les Kurdes, depuis une semaine, répètent que
garder les étrangers n’est plus «une
priorité».
Dans le tumulte du week-end, au
moins trois Françaises qui étaient détenues par les Kurdes dans un camp
abandonné par les Kurdes près de la ville d’Aïn Issa ont été «récupérées» par des djihadistes de
Daech, a rapporté mardi l’AFP, citant leurs avocats. Paris s’alarme d’une
dispersion de ses djihadistes. La visite de l’émissaire d’Emmanuel Macron à
Bagdad prépare un déplacement du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le
Drian, dans la capitale irakienne, mais également auprès des Kurdes syriens.
Les forces spéciales françaises déployées jusque-là dans le Nord-Est syrien
devraient logiquement se replier en territoire irakien où la France compte une
centaine d’hommes, «mais il faut voir dans
quelles conditions», souligne le diplomate à Bagdad.
Coût financier
Pour éviter un
éparpillement des djihadistes français, qui pourraient ensuite en profiter pour
s’infiltrer en Turquie et revenir dans l’Hexagone, les options sont limitées.
Paris redoute que les Kurdes ne soient contraints d’en céder au gouvernement
syrien dans le cadre du rapprochement en cours entre le Rojava et Damas.