Syrie : des Françaises « récupérées » par Daech après l'offensive turque
« On vien de ce
rentre compte qe c dawla [l'EI] ki nous a récupérer (sic). » Tel est le
message qu'affirment avoir reçu des proches de l'une de ces Françaises, comme a
pu le constater l'Agence
France-Presse. Alors que
l'offensive turque se poursuit mardi 15 octobre, au moins trois
femmes, d'origine française, et qui étaient jusqu'à présent détenues par les Kurdes en Syrie, ont été « récupérées » par des membres
de l'organisation État islamique, a rapporté leur avocate. D'après une proche,
les hommes qui ont pris en charge ces Françaises leur auraient affirmé être
leurs « frères de l'État islamique ». « On va vous mettre dans
le désert en sécurité », leur auraient-ils assuré. Et d'ajouter :
« Vous faites partie de l'État islamique vous restez là. »
Plusieurs Françaises qui avaient rejoint l'État islamique
ont quitté ce week-end le camp de Aïn Issa dans le nord-est de la Syrie
après l'offensive turque lancée depuis le 9 octobre contre les
Kurdes syriens, qui tiennent ce territoire depuis leur victoire, appuyée par la
coalition, contre l'État islamique. Selon d'autres messages entendus par
l'Agence France-Presse, les Kurdes les auraient poussées à quitter le
camp. Elles auraient ensuite vu leurs tentes en feu et se seraient retrouvées
dans le désert avec de très jeunes enfants, avant qu'un « Syrien
armé » ne leur propose de les aider. « Ils nous emmènent dans le
désert », ont écrit ces femmes dimanche soir à leurs familles, très
inquiètes de leur sort. « Elles sont parties depuis très longtemps de
l'organisation », a affirmé à l'Agence France-Presse la mère de l'une
d'entre elles, « donc pour l'EI elles sont considérées comme des
déserteurs. Même si on sait que la France va dire “elles rejoignent
l'EI” ».
La France accusée de livrer ses
ressortissants « sur un plateau à l'EI »
« Le Quai d'Orsay est prévenu », a indiqué à
l'Agence France-Presse Me Marie Dosé, qui alerte depuis des mois sur les
conditions des Françaises dans les camps du Nord-Est syrien. « Ça fait
deux ans qu'on dit que tout ça va arriver », avait-elle prévenu lundi,
accusant la France, en refusant de rapatrier ses ressortissants, de les
« livrer sur un plateau à l'EI ».
Environ 12 000 combattants de l'EI,
dont 2 500 à 3 000 étrangers, sont détenus dans les prisons
sous contrôle des Kurdes, selon des chiffres de sources kurdes. Et les camps de
déplacés du Nord-Est syrien accueillent à peu près 12 000
étrangers, 8 000 enfants et 4 000 femmes. Mardi, dans une
tribune, le président turc Recep
Tayyip Erdogan a
affirmé que son pays empêcherait les combattants de l'État islamique de quitter
le nord-est de la Syrie.
Un soldat turc tué mardi
Par ailleurs, ce mardi également, un soldat turc a été
tué par des obus tirés depuis Minbej, dans le nord de la Syrie, où de violents
combats ont opposé dans la nuit les forces d'Ankara à des combattants kurdes, a
indiqué le ministère turc de la Défense. Huit soldats ont en outre été blessés,
a indiqué le ministère dans un communiqué, sans préciser où se trouvaient les
militaires turcs au moment où ils ont été touchés. L'armée turque a répliqué en
bombardant des positions des forces kurdes, selon le communiqué.