Syrie : 800 femmes et enfants de djihadistes échappés d’un camp, la France «inquiète»
Les forces kurdes avaient alerté que l’intervention de la Turquie dans le
nord de la Syrie pourrait provoquer un « chaos sécuritaire » avec la libération
de milliers de djihadistes.
Des
centaines de proches de membres du groupe djihadiste Etat islamique (EI) ont
fui un camp de déplacés dans le nord de la Syrie, ont alerté ce dimanche les
autorités kurdes, qui combattent les forces turques à proximité.
L'administration
semi-autonome a rapporté la fuite de « 785 » proches de jihadistes, assurant
que « le camp d'Aïn Issa » était désormais sans gardes. L'Observatoire syrien
des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé que les gardes du camp l'avaient «
quitté » et que « des déplacés » fuyaient « au fur et à mesure ». Il s'agirait
de femmes « étrangères », mais l'OSDH n'a pas précisé leurs nationalités.
La
France a fait part de son inquiétude à la mi-journée, la porte-parole du
gouvernement Sibeth N'Diaye appelant la Turquie a « terminer au plus vite son
intervention » contre les Kurdes.
Confrontées
depuis mercredi à une offensive lancée par Ankara, les autorités kurdes ont, à
plusieurs reprises, mis en garde contre une résurgence de Daech. Elles ont assuré que le chaos sécuritaire pourrait
provoquer la libération de milliers de djihadistes et leurs familles, retenus
dans des prisons ou des camps de déplacés.
Quelque
12 000 combattants de Daech, des Syriens, des Irakiens, mais aussi 2500 à 3000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons des Kurdes, selon leurs
statistiques officielles. Les camps de déplacés accueillent quelque 12 000
étrangers, 8000 enfants et 4000 femmes.
S'adressant
à l'ONU mais aussi à la coalition internationale emmenée par Washington mise en
place pour lutter contre les djihadistes, les autorités kurdes ont
réclamé « une intervention rapide pour empêcher une catastrophe dont les conséquences ne se limiteront pas à la
Syrie. »
130000
déplacés
Ce
dimanche, les combats font toujours rage. Depuis le début mercredi de
l'offensive turque contre une milice kurde syrienne, plus de 130 000 personnes ont été déplacées, a indiqué l'ONU, les organisations internationales
mettant en garde contre un nouveau drame humanitaire dans le pays en guerre.
Ankara
cherche à contrôler dans le Nord syrien une bande territoriale frontalière
longue de 120 km et profonde d'une trentaine de kilomètres, allant des villes
kurdes de Tal Abyad à Ras al-Aïn.
Près
de Tal Abyad, de « violents combats » se déroulent dans la localité de Suluk où
les forces turques ont conquis plusieurs secteurs. Sur un autre front, à Ras
al-Aïn, les forces kurdes ont fait reculer les militaires turcs d'après l'OSDH.
Désormais, « les combats se poursuivent à la périphérie ouest de Ras al-Aïn. »
Selon l'OSDH, 17 combattants pro-turcs ont été tués à Ras al-Aïn ou par des
tireurs embusqués des forces kurdes tout comme quatre combattants kurdes.
Au
total depuis mercredi, 85 combattants kurdes ainsi que 38 civils ont péri dans
les violences, selon un dernier bilan de l'OSDH.