En Equateur, des manifestants envahissent le Parlement
L’Equateur
est en état d’urgence. Le président équatorien Lenin Moreno a ordonné mardi 8
octobre un couvre-feu nocturne autour des lieux de pouvoir à la suite
d’incidents à Quito, où le Parlement a été brièvement envahi par les
manifestants protestant contre la hausse massive du prix de l’essence, comme
vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
La liberté de circulation a été restreinte
entre 20h et 5h locales pour “les zones adjacentes aux bâtiments et aux
installations stratégiques telles que les bâtiments qui abritent” la puissance
publique, dispose un décret signé par le chef de l’Etat.
Lenin Moreno, qui avait déplacé lundi 7
octobre le siège du gouvernement à la capitale économique du petit pays
sud-américain, Guayaquil, avait déjà proclamé l’état d’urgence pendant 60 jours
afin que les forces armées puissent rétablir l’ordre. Le couvre-feu aura la
même durée.
De nouveaux incidents entre les forces de
l’ordre et des manifestants ont éclaté mardi 8 octobre dans la capitale de
l’Equateur. Les policiers qui bouclaient le centre historique de Quito
faisaient usage de gaz lacrymogène. En face, des centaines d’hommes au visage
masqué et armés de bâtons tentaient de progresser en jetant des pierres. À la
fumée des gaz se mêlait celle des barricades incendiées, faites de pneus et
branchages.
Après une brève incursion jusque dans
l’hémicycle de l’Assemblée nationale, un groupe de protestataires a été repoussé
par des policiers et des militaires, selon la télévision locale. Des
manifestants avaient déjà tenté d’accéder au Parlement lundi 7 octobre. Des
milliers d’indigènes et de paysans continuaient d’affluer vers Quito pour
participer mercredi 9 octobre à une grande manifestation aux côtés des
syndicats.
Blocages et grèves
Lenin Moreno, libéral de 66 ans, a tendu la
main aux indigènes en les invitant à dialoguer. Pour l’heure, le camp adverse
n’avait pas fait connaître sa réponse. Sa ministre de l’Intérieur, Maria Paula
Romo, a ensuite annoncé que le gouvernement acceptait “une médiation des
Nations unies et de la Conférence épiscopale” (Église catholique), déjà à pied
d’oeuvre auprès de leaders de la contestation.
Ce petit pays andin est secoué depuis début
octobre par un mouvement social inédit depuis 2007, marqué par des blocages de
routes et de puits pétroliers en Amazonie, des manifestations parfois violentes
et des grèves paralysant le pays.
Les pertes
de production de l’entreprise d’Etat Petroamazonas s’élevaient mardi 8 octobre
à 165.000 barils par jour, soit 31% des chiffres habituels, selon un communiqué
du ministère de l’Énergie. Lundi, la baisse de production était de 12%.
L’Equateur, qui a annoncé la semaine
dernière son retrait de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP),
a extrait quelque 531.000 barils par jour de pétrole brut entre janvier et
juillet cette année.
À environ deux kilomètres du palais
Carondelet, siège du gouvernement situé dans le centre historique bouclé par la
police, les manifestants étaient rassemblés dans le parc El Arbolito, devenu
leur camp de base où des hommes armés de bâtons montent la garde.
Lundi 7 octobre au soir, dans un discours
radiotélévisé, Lenin Moreno avait accusé le président vénézuélien, Nicolas
Maduro”, et son propre prédécesseur, Rafael Correa, d’avoir “activé” un “plan
de déstabilisation”.
Dans une vidéo diffusée mardi sur les
réseaux sociaux, Rafael Correa, qui réside en Belgique, a nié en bloc: “Il
n’est pas question de putsch. En démocratie, les conflits se règlent dans les
urnes et c’est exactement ce que nous demandons: avancer les élections en cas
de grave agitation sociale, comme celle que nous connaissons”, a déclaré
l’ex-président (2007-2017), farouche opposant de son ex-allié et successeur.
Nicolas Maduro pour sa part a réagi mardi
soir depuis Caracas en ironisant: “Je bouge mes moustaches et fais chuter des
gouvernements, c’est ce que dit Lenin Moreno. Je ne suis pas Superman, je suis
Supermoustache”.