Le tweet d’Erdogan révèle ses intentions et sa manipulation des mots pour convaincre son peuple et les Arabes de la campagne du « Califat »
Le tweet du président turc Erdogan durant lequel il a félicité ses forces pour leur invasion du nord-est de la Syrie mercredi dernier a suscité un vaste débat sur les réseaux sociaux.
Son tweet a aussi révélé une contradiction dans les termes employés, et la façon dont le président turc a joué sur la corde du « confessionnalisme » en s’appuyant sur l’idéologie frériste pour convaincre son peuple et les Arabes qu’il menait une campagne quasi-religieuse, pour protéger les frontières internationales de la Turquie contre le danger des Kurdes soutenus par les Américains et l’Occident, appelant son armée « L’Armée mohammadienne » pour gagner leur soutien.
C’est ainsi qu’il a utilisé cette dénomination en arabe et en turc.
En revanche, le président turc n’a pas utilisé cette expression dans son tweet en anglais, la remplaçant par « l’armée turque », comprenant qu’il s’adressait à un public totalement différent.
En outre, il a employé dans son tweet en anglais l’expression « L’Armée nationale syrienne », qui a été choisie avec soin étant donné la mauvaise réputation en Occident des factions armées syriennes alliées à Ankara.
Pour sa part, le chercheur Eric Jean Zoucher considère que les discoursidéologiques d’Erdogan visant à gagner le soutien des Turcs sont choquants pourl’Occident.
Il a affirmé dans un article : « durant les dernières années, les milieux politiques et l’opinion publique en Europe et aux Etats-Unis ont été choqués par la façon dont Erdogan considérait l’Occident comme un ennemi dans ses discours adressés au public turc ».
Et d’ajouter que cela a été un choc pour les décisionnaires et les leaders d’opinion occidentaux qui avaient l’habitude de considérer que la Turquie était un allié moderne au Moyen-Orient.
Par ailleurs, des sites turcs ont publié la photo du ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu en tenue militaire, à l’occasion du lancement de l’offensive turque au nord de la Syrie, et les médias turcs ont vu dans cela un message de soutien du ministre à l’armée de son pays qu’Erdogan avait qualifiée de « mohammadienne ».
Notons que l’offensive de mercredi au nord de la Syrie contre les Forces Démocratiques Syriennes est la troisième lancée par la Turquie avec les factions syriennes alliées, après une première offensive en 2016 qui lui a permis de prendre le contrôle de nombreuses villes frontalières et une seconde en 2018 à la suite de laquelle elle a pris le contrôle d’Afrin.
