Syrie : surveiller les djihadistes prisonniers n'est plus la priorité des Kurdes
Mazloum
Kobane, chef militaire des FDS, prévient que ses soldats sont envoyés à la frontière,
en prévention de l'offensive turque imminente dans le nord de la Syrie.
Les risques d'évasion des camps de djihadistes détenus en
Syrie vont-ils s'aggraver? Le chef militaire kurde des Forces démocratiques
syriennes (FDS), Mazloum Kobane, a confié lundi à NBC News que ses hommes chargés de
surveiller les prisonniers étaient en route pour la frontière turque depuis
l'annonce du retrait d'une centaine de soldats
américains de la zone. La surveillance des prisonniers devient donc une
"seconde priorité" pour les Kurdes.
Situation dangereuse
Le redéploiement des forces
spéciales américaines a été communiqué alors qu'Ankara a annoncé ce
mardi avoir achevé les préparatifs en vue de lancer une opération militaire
contre la milice kurde des YPG dans le nord de la Syrie. "C'est un énorme
problème. Personne ne nous aide sur cette question", souffle le chef
militaire. Les Kurdes se sentent lâchés par la coalition internationale
menée par les États-Unis en Syrie et doivent se défendre par leurs propres
moyens.
"Toutes leurs familles sont situées dans la région
de la frontière, donc ils sont obligés d'aller les défendre", explique
Mazloum Kobane à la chaîne américaine. Les États-Unis ont bien précisé qu'ils
n'empêcheraient pas une offensive turque. "Sincèrement, on est très
déçus", poursuit Mazloum Kobane qui souligne la gravité de la situation.
Quelque 12 000 hommes suspectés d'être des terroristes sont détenus dans ces
centres, parmi eux, 10 000 seraient Irakiens et Syriens, et 2000 seraient des
combattants étrangers - dont des Français.
"Réels
risques"
Trois jours avant, Mazloum Kobane alertait déjà sur les difficultés qu'ont les
soldats kurdes à maintenir la sécurité au camp d'al-Hol, où s'entassent 70 000
personnes familles de djihadistes, femmes et enfants de toutes nationalités.
"Il y a de réels risques à al-Hol. Pour le moment on
arrive encore à le garder. Mais à cause du manque de ressources, Daech se
regroupe et se réorganise dans le camp. On ne peut pas les contrôler à 100% et
la situation est grave", expliquait-il au Washington Post.
En mars, ce sont les FDS qui ont proclamé la défaite
du "califat", après avoir conquis l'ultime bastion de l'EI à Baghouz,
petit village aux confins orientaux de la Syrie. Pendant sept ans, ils ont été
soutenus par la coalition internationale contre l'organisation État
islamique.