Les Kurdes de Syrie menacent de se tourner vers Damas ou Moscou
L'administration
kurde en place dans le nord de la Syrie pourrait ouvrir des discussions avec
Damas et Moscou dans le but d'assurer la sécurité de la région face à une
offensive turque si les forces américaines évacuent totalement la zone
frontalière, a averti mardi un haut responsable kurde syrien.
Donald
Trump a annoncé dimanche soir sa décision de retirer les forces américaines du
nord-est de la Syrie, ouvrant la voie à une opération militaire annoncée de
longue date par Ankara contre les YPG (Unités de protection du peuple), les
forces kurdes locales pourtant jusqu'ici soutenues par Washington.
Selon
un haut responsable américain, les Etats-Unis ont retiré lundi 50 membres des
forces spéciales d'une partie de la zone frontalière entre la Turquie et la
Syrie. Un millier de soldats américains sont présents dans le nord et l'est de
la Syrie. Le ministère turc de la Défense a déclaré lundi en fin de soirée que
tous les préparatifs pour une éventuelle opération dans le nord-est de la Syrie
étaient terminés.
Les
Forces démocratiques syriennes (FDS), milices arabo-kurdes dominées par les YPG
qui jouent un rôle majeur dans la lutte contre le groupe Etat islamique, ont
dénoncé un «coup de poignard dans le dos» de la part de Washington. «Si l'Amérique évacue la zone et particulièrement la zone
frontalière, nous serons contraints, en tant qu'administration autonome et en
tant que FDS, d'étudier toutes les options disponibles», a prévenu mardi Badran Jia Kurd.
«Bloquer
l'attaque turque»
«Nous pourrions discuter avec Damas ou la partie russe
pour combler ce vide ou bloquer l'attaque turque. Cela pourrait donc évoluer et
il pourrait y avoir des réunions et des contacts en cas de vide sécuritaire», a-t-il ajouté. L'administration autonome des Kurdes de
Syrie s'était déjà retrouvée dans une position similaire en décembre dernier,
lorsque Donald Trump avait annoncé sa décision de retirer les soldats
américains en Syrie. Les FDS avaient eu des discussions avec Damas qui
n'avaient pas abouti.
Les
Kurdes syriens ont rarement affronté les forces gouvernementales syriennes
durant les années de guerre civile depuis 2011. Les YPG affirment que leur
priorité est de conserver leur autonomie régionale dans le cadre d'un Etat
syrien, autonomie que le régime de Damas refuse pour l'heure de leur accorder.
A
Moscou, le porte-parole du Kremlin a fait savoir mardi que la Russie n'avait
pas été informée au préalable du retrait américain annoncé par Donald Trump.
Dmitri Peskov a ajouté qu'il fallait attendre de voir combien de soldats
américains allaient être retirés, soulignant que d'autres annonces du même type
ne s'étaient pas concrétisées sur le terrain. «Nous
surveillons attentivement la situation», a-t-il dit.