Confusion autour du retrait des troupes américaines du nord de la Syrie
Les Kurdes de Syrie laissés aux mains de la
Turquie ? C’est finalement bien plus confus que ce qu’ont laissé entendre
les Etats-Unis.
Alors que le président américain, Donald
Trump a annoncé, dimanche, le retrait de troupes stationnées dans le nord de la
Syrie, ouvrant ainsi la voie à l’offensive militaire promise par Ankara contre
les forces kurdes, Washington semblait faire machine arrière, lundi
7 octobre, ou tentait de minimiser l’impact de cette décision, très mal
accueillie par ses alliés.
« Il ne s’agit pas d’un retrait de
Syrie », a assuré à des journalistes un haut
responsable du gouvernement Trump qui a requis l’anonymat, ajoutant que ce
redéploiement ne représentait en aucun cas « un feu vert » à
une offensive militaire turque contre les forces kurdes dans le nord-est
syrien.
Selon ce responsable, lorsque le président
des Etats-Unis a compris, lors d’un appel téléphonique dimanche avec son
homologue turc Recep Tayyip Erdogan, que ce dernier avait l’intention d’aller
de l’avant avec son projet « d’invasion potentielle » du
nord-est de la Syrie, il a donné la priorité à la « protection » des
soldats américains.
Il y a « un petit nombre, 50 à
100 membres des forces spéciales dans cette région, et ils ne doivent pas
courir le risque d’être blessés, tués ou capturés si les Turcs passent la
frontière et engagent des combats avec les forces kurdes locales », a
expliqué ce haut responsable. « Ils vont être redéployés vers des
zones plus sûres dans les prochains jours », a-t-il ajouté. « Le
fait qu’on les déplace ne constitue pas un feu vert », a-t-il insisté
en confirmant toutefois que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas militairement
à la Turquie en Syrie.
- Un retrait pour « sortir de ces guerres ridicules »
La confusion a commencé dimanche quand la
Maison Blanche a annoncé le retrait de ces troupes, dans un communiqué qui
rendait compte d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et son
homologue turc Recep Tayyip Erdogan :
« Les forces américaines ne vont pas
soutenir ou être impliquées dans l’opération, et les forces américaines qui ont
vaincu le “califat” territorial de l’Etat islamique (EI) ne seront plus à
proximité immédiate. »
Lundi, dans une longue série de tweets, Donald Trump a d’abord justifié cette décision en
expliquant qu’il voulait laisser aux protagonistes – « La Turquie,
l’Europe, la Syrie, l’Iran, l’Irak, la Russie et les Kurdes » – impliqués
dans ce conflit le soin de « résoudre la situation » :
« Il est temps pour nous de sortir de
ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales. »
« On pourrait entrer [en Syrie] n’importe quelle nuit sans
prévenir », a alors déclaré dans la matinée Recep Tayyip Erdogan,
ajoutant : « Il est absolument hors de question pour nous de
tolérer plus longtemps les menaces provenant de ces groupes terroristes. »
La Turquie considère en effet les forces
kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), soutenues dans la lutte contre
l’EI par les Etats-Unis, comme « terroristes ». Elle a
maintes fois répété son souhait de créer une « zone de sécurité »
entre ses frontières et les régions contrôlées par les Kurdes dans le nord de
la Syrie.