Publié par CEMO Centre - Paris
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Libye : trois visages de combattants anti-Haftar

jeudi 26/septembre/2019 - 05:29
La Reference
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Mohamed Bouzaïd, 31 ans : «Les troupes de Haftar vont vouloir nous punir d’avoir libéré la ville»

C’est un colosse de 1,90 mètre qui exécute les ordres docilement. Mohamed Bouzaïd, 31 ans, est membre de la brigade Hadi-Kaabar - du nom d’un résistant libyen à la colonisation - depuis l’insurrection contre Kadhafi. Comme tous les révolutionnaires, il connaît par cœur la date du soulèvement de sa ville. Pour Gharyan : le 13 août 2011. Mohamed avait abandonné ses études de géologie pour prendre les armes. En remerciement de ses services, il a obtenu un poste de fonctionnaire (enseignant «de réserve», puis agent de la «sécurité diplomatique»). Ces postes, largement fictifs, constituent une rente déguisée que les milices se sont empressées de se distribuer.

En 2014, cinq jours après son mariage, Mohamed a retrouvé sa brigade, reconvertie en police militaire de Gharyan, pour affronter - déjà - un certain Khalifa Haftar. Le général venait de lancer son opération «Dignité» en promettant de nettoyer la Libye des jihadistes, des islamistes et, plus largement, de tout révolutionnaire osant lui résister. Cinq ans plus tard, le 2 avril, le même Haftar s’emparait de Gharyan par suprise, donnant le coup d’envoi de son offensive vers la capitale. «Le 14 avril, nous avons tenté de nous soulever de l’intérieur, mais cela a échoué, nous étions trop peu nombreux, dit Mohamed. A compter de cette date, nous étions repérés, il a fallu s’enfuir, se cacher dans les collines et faire sortir nos familles.» Sa femme et ses deux filles (4 ans et 1 an) ont pu le rejoindre à Tripoli.

Le 27 juin, Mohamed est rentré chez lui. Sa maison était intacte. Les troupes de Haftar venaient d’être chassées de Gharyan. Depuis, il participe à la défense de la ville. «Je me bats pour protéger mon foyer, ma famille, mon honneur. Gharyan est devenu un symbole. Ceux d’en face vont vouloir nous punir d’avoir libéré la ville. Maintenant, il ne s’agit plus de conquête, mais de vengeance.» A vol d’oiseau, au-delà des collines, l’ennemi est à moins de 20 kilomètres. Abou Zian, le quartier de Mohamed, est en première ligne.

            
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