Publié par CEMO Centre - Paris
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Nouvel appel pour rapatrier les enfants français de Syrie

jeudi 26/septembre/2019 - 05:28
La Reference
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Dans un avis rendu public mercredi, la Commission nationale consultative des droits de l'homme demande au gouvernement de ramener en France les enfants détenus dans des camps du nord-est de la Syrie. Un rapatriement qualifié d'exigence humanitaire et d'impératif de sécurité.

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 Nouvel appel pour rapatrier les enfants français de Syrie

L’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) est implacable. Il ne fait pas qu’appeler au rapatriement «dans les plus brefs délais» des enfants français et de leur mère détenus au Kurdistan syrien. Il balaie aussi les arguments du gouvernement français qui a opté pour des retours «au cas par cas». Environ 300 enfants, dont une majorité âgés de moins de 5 ans, vivent aujourd’hui dans des camps du nord-est de la Syrie où sont regroupées les familles de jihadistes de l’Etat islamique (EI). Seuls 17 enfants, pour la plupart orphelins, ont pour l’instant été renvoyés en France. «Le maintien d’un refus de rapatrier l’ensemble des enfants de nationalité française retenus dans les camps du Rojava caractériserait une violation manifeste des droits fondamentaux et une atteinte grave portée aux valeurs de la République française», affirme la Commission.

La majorité des enfants concernés vivent dans le camp d’al-Hol, à proximité de la frontière irakienne. C’est là qu’ont été emmenées la plupart des familles de jihadistes qui fuyaient les derniers territoires contrôlés par l’EI en début d’année. Nul n’avait anticipé qu’elles seraient aussi nombreuses. 70 000 personnes sont détenues dans le camp. Les Syriens et les Irakiens sont les plus nombreux. Les étrangers sont parqués dans une enceinte grillagée à l’intérieur du camp, surnommée «l’annexe». Une cinquantaine de nationalités sont représentées.

Manque d’eau et de nourriture

Les autorités kurdes, qui contrôlent la région, sont d’autant plus dépassées que très peu d’ONG sont présentes. «Les conditions de vie sont particulièrement dégradées, en raison d’un manque d’eau et de nourriture, de l’insuffisance des structures sanitaires, au point d’avoir déjà provoqué le décès de plusieurs enfants», note l’avis de la CNCDH. D’après l’ONG International Rescue Commitee, 339 enfants ont péri à al-Hol entre décembre et septembre, soit 80% du nombre total de décès. Selon nos informations, une fillette française de 3 ans, malade, est morte cet été après avoir été transférée trop tardivement à l’hôpital voisin d’Hassaké. Le rapatriement des enfants est donc «une exigence d’ordre humanitaire», estime la CNCDH. «Ils se trouvent dans une situation désastreuse, inacceptable au regard des principes fondamentaux du droit international humanitaire.»

Le retour se justifie aussi pour des motifs sécuritaires. Les camps du Nord-Est syrien sont considérés comme des incubateurs d’une prochaine vague de jihadisme, un «Etat islamique 3.0», selon les termes de diplomates. Au milieu des tentes, les femmes les plus radicales s’en prennent à celles qui le sont moins et à leurs enfants. Elles attaquent aussi régulièrement les gardes kurdes, parfois à coups de couteau. «Le retour de ces enfants sur le territoire français est d’autant plus urgent […] que les tentatives d’évasion des camps se multiplient, parfois organisées par des sympathisants de l’EI désireux de ramener à eux les personnes qui vivaient sous son joug, y compris les enfants», indique la CNCDH.

Levée de fonds                                        

Le constat est partagé par la plupart des analystes. Dans une note publiée lundi, le centre de recherches Institute for the Study of War affirme que l’EI se préparerait à faire s’évader ses partisans des camps et des prisons où ils sont aujourd’hui enfermés. «L’EI est actif à al-Hol. Il organise des levées de fonds via des canaux cryptés tel Telegram depuis au moins juin 2019», expliquent les auteurs de la note.

Le gouvernement français refuse pourtant d’intervenir. Une attitude critiquée par les autorités kurdes, qui n’ont pas les moyens de gérer autant de prisonniers étrangers, et par plusieurs instances internationales, dont le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, l’Unicef et la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Interpellé en mai et en juillet par le président de la CNCDH, le Premier ministre, Edouard Philippe, a rétorqué que les camps syriens ne relevaient pas de «la juridiction» de la France. Un argument rejeté mercredi par l’instance qui note «l’existence d’un contrôle effectif des autorités françaises sur ses ressortissants présents au sein des camps». Autrement dit, la juridiction de la France s’exerce bien dans le Nord-Est syrien.




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