À l’ONU, Trump menace d’augmenter encore la pression sur l’Iran
(Nations
unies) Le président américain Donald Trump a menacé mardi à l’ONU d’augmenter
encore la pression sur l’Iran, au moment où les pays européens multiplient les
initiatives pour faire tenter de faire baisser la tension. Dans un discours lu sur
un ton extraordinairement monocorde, sans enthousiasme ni moments forts, le
locataire de la Maison-Blanche, visiblement fatigué, a multiplié les mises en
garde à Téhéran.
« Tant
que l’attitude menaçante de l’Iran continuera, les sanctions ne seront pas
levées, elles seront durcies », a lancé M. Trump devant les
représentants des 193 membres des Nations unies réunis pour leur Assemblée
générale annuelle.
« Tous
les pays ont le devoir d’agir. Aucun gouvernement responsable ne devrait
subventionner la soif de sang de l’Iran », a-t-il poursuivi, sans
cependant mettre en avant de nouvelles propositions et reprenant largement la
tonalité de ses discours des deux années précédentes.
Macron
et Merkel à la manœuvre
Les
diplomates de la terre entière réunis à New York pour la grand-messe annuelle
de l’ONU spéculent depuis plusieurs jours sur une rencontre entre M. Trump
et son homologue iranien Hassan Rohani, qui s’exprimera lui mercredi à la
tribune.
Un
tel face-à-face historique pourrait, espèrent ses partisans, atténuer les
tensions encore accrues depuis les attaques du 14 septembre contre deux
installations pétrolières saoudiennes, attribuées par les Occidentaux à la
République islamique.
En
marge de la longue série de discours des dirigeants de la planète, d’intenses
tractations se poursuivent.
Le
président français Emmanuel Macron, en première ligne sur le dossier iranien,
doit revoir Donald Trump mardi après-midi après avoir rencontré Hassan Rohani
lundi.
« J’ai
eu une longue discussion d’une heure trente avec le président Rohani, qui je
pense a permis d’esquisser des voies de passage. Elles sont très ténues »,
a-t-il dit mardi matin. « J’espère qu’on arrivera à avancer dans les
prochaines heures », a-t-il ajouté.
La
chancelière allemande Angela Merkel devait, elle aussi, de son côté rencontrer séparément
MM. Trump et Rohani mardi, tout comme le premier ministre japonais Shinzo Abe,
qui a lui aussi tenté une médiation par le passé.
Mais
la tension reste palpable. Mardi matin, l’Iran a rejeté le « réquisitoire
irresponsable » de Berlin, Londres et Paris, qui ont accusé la veille
Téhéran d’être responsable des attaques en Arabie saoudite.
« Les
États-Unis ne cherchent le conflit avec aucun pays. Nous voulons la paix, la
coopération et une relation productive avec tout le monde », a encore dit
M. Trump. « Mais je
défendrai toujours les intérêts de l’Amérique ».
Mise en garde sur Hong
Kong
Comme
l’an dernier, le président américain a défendu sa vision du monde :
« L’avenir n’appartient pas aux mondialistes. L’avenir appartient aux
patriotes », a lancé le milliardaire républicain qui court toujours après
une percée diplomatique de taille qui viendrait valider sa
« méthode ».
Une
ombre planait sur son discours : la menace d’une procédure de destitution
agitée par l’opposition démocrate après les révélations sur les pressions qu’il
aurait exercées sur l’Ukraine pour nuire à son potentiel rival démocrate Joe
Biden.
Le
45e président des
États-Unis s’est montré particulièrement ferme sur la Chine.
« Pendant
des années, les abus » de Pékin dans le commerce international « ont
été tolérés, ignorés, voire encouragés », a-t-il dénoncé. « En ce qui concerne l’Amérique, ces
temps sont révolus ».
Il
a aussi assuré regarder « de très près » la manière dont la Chine
gère la crise à Hong Kong.
« Le
monde s’attend fermement à ce que le gouvernement chinois respecte son traité
contraignant » et « protège la liberté » et « le mode de
vie démocratique » de l’ex-territoire britannique.
Autre
dossier sur lequel il était attendu : le Venezuela. Depuis que les
États-Unis, suivis par une cinquantaine de pays, ont reconnu en début d’année
l’opposant Juan Guaidó comme président par intérim, la situation a peu évolué.
« Nous surveillons la situation de très près », a-t-il lancé.
Donald
Trump a aussi parlé à sa base électorale, à quelque 400 jours du prochain
scrutin présidentiel.
Il
a en particulier mis l’accent sur la bonne santé de l’économie américaine et
vanté la fermeté aux frontières.
Il
a pris la parole juste après l’un de ses admirateurs déclarés, le Brésilien
Jair Bolsonaro, qui a affirmé à la tribune qu’il était « faux » de
dire que l’Amazonie appartient au patrimoine de l’humanité, accusant certains
pays de se comporter de façon « coloniale » à l’égard du Brésil.
Autre
« ami » de Donald Trump, le premier ministre britannique Boris
Johnson doit s’exprimer en fin de journée, mais sa journée à l’ONU est
parasitée par la décision spectaculaire de la Cour suprême britannique qui a
annulé sa décision de suspendre le Parlement à l’approche du Brexit.
Petite
consolation, le président américain a de nouveau promis de conclure un
« magnifique » accord commercial avec Boris Johnson après la sortie
de l’Union européenne.