Les conversations très peu discrètes de Donald Trump au téléphone
Selon le protocole, les appels téléphoniques à des
dirigeants étrangers sont écoutés et retranscrits. Ce qui n'empêche pas Trump
de parler à tort et à travers.
La procédure
est très codifiée. La veille d'une conversation avec un dirigeant étranger, le
président des États-Unis reçoit un dossier du Conseil de sécurité nationale
(NSC) qui comprend toutes sortes d'informations sur le sujet de l'appel, la
personnalité de l'interlocuteur, sa famille, s'il aime les blagues… L'appel en
général est passé du Bureau ovale sur une ligne sécurisée en présence de trois
ou quatre personnes, dont le conseiller à la Sécurité nationale. Au sous-sol,
dans la situation
room, une salle sécurisée, deux employés du NSC transcrivent la
communication. Selon les experts, les conversations ne sont pas enregistrées
depuis l'affaire du Watergate. Mais le texte informel est distribué – ou pas,
selon son degré de confidentialité – à quelques membres limités de
l'administration.
Briefing
Évidemment avec Donald Trump, le protocole
a changé. Ce qui inquiète beaucoup les services secrets qui maintes fois ont
mis en garde contre le manque de sécurité des communications. D'abord le
briefing est désormais limité à une moitié de page, car le président déteste
lire. Il est parfois même donné oralement. Ensuite, Donald Trump possède, selon le New York Times, trois
portables, dont deux gouvernementaux et un troisième personnel, qui apparemment
n'est pas aussi sécurisé que les autres. Et il a l'habitude de passer ses coups
de fil de sa résidence le soir tard, ce qui complique le travail des
conseillers censés guider le président pendant ses discussions avec les
dirigeants étrangers. À la suite d'une série de fuites embarrassantes, la
Maison-Blanche a limité le nombre de gens pouvant avoir accès au texte de
l'appel. Elle a aussi suspendu un temps la pratique de publier des résumés des
conversations.
Interférence
Le 25 juillet dernier, Donald Trump a appelé le
président ukrainien Volodymyr Zelensky pour le féliciter de la victoire de son parti aux élections. Il a
aussi fait pression, selon le Wall Street Journal,
pour que M. Zelensky enquête sur les activités potentiellement illégales de Hunter Biden, le fils de Joe Biden, candidat à la présidentielle, et ses liens avec une
compagnie d'énergie ukrainienne. Il l'a vivement encouragé à se mettre en
contact avec son avocat Rudy Giuliani. Ce qui revient à suggérer une interférence étrangère
dans les élections de 2020.
Un peu plus de deux semaines plus tard, une plainte a été
déposée auprès de l'inspecteur général en charge des renseignements concernant
un coup de téléphone du président Trump. On a très peu de détails, car la
Maison-Blanche bloque le rapport, censé pourtant être donné au Congrès dans les
sept jours.
On ne connaît pas l'identité du lanceur d'alerte, mis à part qu'il s'agit d'un membre des services de renseignements. On ne sait pas s'il a été témoin de la conversation ou s'il l'a appris par d'autres moyens. On ne sait pas non plus ce que contient la plainte. L'inspecteur général a dit à des élus qu'elle concernait de multiples faits. Le président Trump a admis qu'il avait parlé du fils Biden avec son homologue ukrainien. Mais que la conversation était totalement appropriée et avait pour but principalement de le féliciter. Il a ajouté qu'il savait très bien qu'il était sur écoutes et faisait attention à ce qu'il disait.
Écoutes
Il n'y a en effet pas que le NSC qui surveille les
conversations. Récemment, selon le journal Politico, Israël aurait implanté des
appareils miniatures d'écoute près de la Maison-Blanche et d'autres endroits
sensibles de la capitale. Évidemment, Benyamin Netanyahou a rejeté
ces accusations comme totalement mensongères. D'autres rapports ont affirmé que
les Chinois et les Russes notamment écoutent ses coups de fil sur son portable
quand il appelle ses amis souvent tard le soir pour discuter de politique. Au
grand dam de la sécurité de la Maison-Blanche qui n'a cessé de répéter au
président qu'il devait se servir de la ligne fixe.
Donald Trump a déjà fait scandale avec d'autres coups de
fil. On a appris par exemple qu'il avait raccroché au nez du Premier ministre
australien. En 2018, contre l'avis de ses conseillers, il a appelé Vladimir Poutine pour le féliciter après une élection considérée
comme peu démocratique. Et il a distribué son numéro de portable à plusieurs
dignitaires, dont Emmanuel Macron avec lequel, à une époque au moins, il
parlait très souvent.
Seule consolation, il n'utilise pas d'ordinateur et n'envoie pas de courriels, ce qui réduit au moins les risques de cyberattaques…