Publié par CEMO Centre - Paris
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Au Nigeria, la vie brisée des "retournés" de Libye

mardi 24/septembre/2019 - 06:14
La Reference
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Enfermement, prostitution, esclavage…Pour échapper à la traite imposée par les passeurs, 14 000 jeunes migrants sont rentrés chez eux au Nigeria, dans le cadre d'une opération de rapatriement mise en place en 2017 par les Nations unies. Ils sont aujourd’hui en pleine détresse, confrontés à la stigmatisation.

La "privilégiée"           

A 26 ans, Gloria se considère comme privilégiée. Elle est partie avec quatre autres filles dans l’espoir de rejoindre l'Europe, mais elle est la seule à avoir été rapatriée au Nigeria, après avoir vécu l’enfer pendant près d’un an en Libye. Trois de ses amies sont mortes pendant le voyage. Deux ans après son rapatriement, elle s’en veut encore d’avoir osé rêver d’une autre vie. Aujourd’hui, elle tente tant bien que mal de vivre avec 15 000 nairas par mois (40 euros) grâce à son petit boulot de couturière.

Une réinsertion difficile

Comme Gloria, des milliers de jeunes "retournés", comme on les appelle dans le pays, ont bénéficié d’une formation professionnelle. Certains ont même eu droit à une allocation d’une centaine d’euros et d’une heure de soutien psychologique. Dans un rapport publié fin août, Human Rights Watch dénonce les conditions de vie des "survivants de la traite".

Les femmes et les filles victimes de la traite ont subi des abus épouvantables aux mains des trafiquants, mais elles n’ont pas reçu le soutien suffisantAgnès Odhiambo, Human Rights Watch

Les dettes et le regard des autres

L’organisation, qui a interrogé des dizaines de femmes victimes d’exploitation sexuelle et de travail forcé, souligne que les survivantes de la traite humaine sont doublement pénalisées. Elles souffrent d’une part de traumatismes graves et d'autre part sont montrées du doigt par la société qui les rend responsables de ce qui leur arrive.

La plupart des Nigérians qui sont retournés au pays sont endettés et doivent rembourser leurs prêts aux créanciers. Ils sont souvent menacés et doivent réemprunter de l'argent pour éponger leurs dettes. Dans ces conditions, ces rapatriés, via le programme de retour mis en place par les Nations unies, "se retrouvent souvent confrontés à une vie encore plus difficile que lorsqu’ils sont partis", souligne l’AFP. Une majorité de ceux qui sont rentrés de Libye ont entre 17 et 35 ans et sont sans diplômes.

 

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