Donald Trump sans stratégie face à l’Iran
La
crainte d’un embrasement régional après des attaques contre les infrastructures
pétrolières saoudiennes imputées à Téhéran, le
14 septembre, s’est dissipée, mais le bilan à ce jour de la sortie
unilatérale des Etats-Unis, en mai 2018, de l’accord sur le nucléaire
iranien, promesse de campagne de Donald Trump, n’est pas à l’avantage du
président américain. Il pourrait en faire l’expérience pendant son passage à
l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), du 23 au 26 septembre.
Washington espère y mobiliser contre l’Iran. Au cours des derniers mois,
cependant, l’administration Trump n’a jamais été en mesure d’entraîner dans son
sillage d’autres pays signataires de ce compromis.
Contrairement
aux affirmations du président Trump, selon qui Téhéran a déjà changé
d’attitude, le pouvoir iranien campe dans la défiance, comme l’ont encore
montré les déclarations de responsables mettant en garde contre « une
guerre totale » en cas de frappes militaires contre leur pays.
L’Iran a en outre commencé à s’affranchir de certaines contraintes de l’accord
de 2015, et ses alliés régionaux restent particulièrement actifs.
Coalition hétéroclite
Le
péché originel du coup d’éclat de Donald Trump réside en bonne partie dans le
caractère hétéroclite de la coalition qui l’a défendu. Il a été soutenu par les
« faucons » du Parti républicain, à commencer par l’ancien
conseiller à la sécurité nationale du président, John Bolton,
qui considèrent en fait que seul un changement de régime à Téhéran permettra de
faire rentrer l’Iran dans le rang. Ce courant s’est appuyé sur une conjoncture
régionale inédite : le rapprochement d’Israël et des puissances les plus
influentes du Golfe, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Donald Trump
a ajouté ses propres motivations : le démantèlement d’un des legs
diplomatiques les plus importants de son prédécesseur, Barack Obama, et le rêve
de parvenir à un « meilleur accord » qui
témoignerait de ses talents de négociateur.
Longtemps
masquées par le succès apparent d’une campagne de « pression
maximale » qui repose sur l’intimidation, les contradictions de cette
coalition apparaissent aujourd’hui au grand jour. Pour les
« faucons », la « pression maximale » a besoin du crédit
que confère l’éventualité de l’usage de la force, conçue comme un levier
supplémentaire et non comme une alternative. Donald Trump, qui partage le même
objectif que Barack Obama – parvenir à une relative stabilité régionale qui
permettrait un retrait américain du Proche-Orient –, refuse au contraire d’être
entraîné dans une guerre dans laquelle les Etats-Unis seraient obligés de
s’engager aux côtés de leurs alliés.