Après Washington et Riyad, Londres attribue à l'Iran les attaques en Arabie saoudite
Le dossier iranien est au premier rang des préoccupations de l’Assemblée
générale de l’ONU, qui se tient cette semaine à New York.
Ils
ne seront pas loin l’un de l’autre, mais ne se croiseront probablement pas,
même si rien n’est jamais sûr avec Donald Trump. Le président américain
et son homologue iranien, Hassan Rohani, seront cette semaine à l’Assemblée générale de l’ONU à
New York, mais une rencontre entre les deux hommes n’est, a priori, pas au menu
des festivités, alors que le dossier iranien est en tête des préoccupations des
dirigeants de la planète.
Le
mot «impasse» pourrait résumer la crise actuelle, relancée par le retrait
américain, en mai 2018, de l’accord nucléaire de juillet 2015. Alors que Donald
Trump a encouragé, ces derniers mois, la tenue d’une rencontre avec Hassan
Rohani, les événements se sont précipités après les attaques du 14 septembre contre deux
sites pétroliers saoudiens revendiquées
par les rebelles Houthis du Yémen, mais que Riyad et Washington ont rapidement
attribué à Téhéran.
lundi,
c’est au tour de Londres, allié traditionnel de Washington,
d’imputer ces attaques à la République islamique. «Je peux vous dire que le Royaume-Uni [les] attribue à
l’Iran avec un très haut degré de probabilité», a déclaré Boris Johnson à bord
d’un avion l’emmenant à New York pour l’Assemblée générale. «La difficulté est
de savoir comment organiser une réponse internationale. Nous allons travailler
avec nos amis américains et nos amis européens pour élaborer une réaction qui
essaie de faire retomber les tensions dans la région du Golfe», a-t-il ajouté,
selon Reuters.
«La branche d’olivier a toujours été sur la table»
Mais,
lors de cette Assemblée générale, qu’est-ce que Donald Trump peut dire, et
faire, pour sortir de la crise ? «Je vais dire : les États-Unis sont le plus
grand pays du monde, ils n’ont jamais été aussi forts et ils ont sans aucun
doute l’un des plus grands présidents de l’histoire», a expliqué l’intéressé,
cette semaine, à bord d’Air Force One. Une déclaration qui a le mérite de la
clarté, alors que, sur l’Iran, Donald Trump apparaît hésitant entre menaces répétées d’intervention militaire et
appels pour une «solution pacifique». Sur l’hypothèse d’une rencontre aussi, le
locataire de la Maison-Blanche ne tranche pas complètement : «Rien n’est jamais
totalement exclu, mais je n’ai pas l’intention de rencontrer l’Iran». De son
côté, Téhéran ne fermerait pas complètement non
plus la porte à un échange entre les deux présidents, mais à condition d’une levée des sanctions en échange
d’une surveillance permanente des facilités nucléaires iraniennes, a expliqué
le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, à CNN. «La branche
d’olivier a toujours été sur la table, mais nous la tendons de nouveau», aurait
poétiquement ajouté le chef de la diplomatie.
Cette
situation illustre aussi le peu d’alternatives qui s’offrent à Donald Trump. Il
y a trois mois, après la destruction par l’Iran d’un drone américain, le «commander in chief» avait déclaré avoir renoncé à des frappes de
représailles «10 minutes avant» de les lancer. Derechef la semaine dernière,
juste après les attaques contre Aramco, Trump avait utilisé l’expression «locked and loaded» (verrouillés et chargés) pour montrer que les
Etats-Unis étaient prêts à frapper. Des menaces jusqu’à maintenant non suivies
d’effet. «Trump ne va pas se lancer dans un conflit militaire alors qu’il s’est
fait élire en 2016 en critiquant les guerres inutiles, notamment au
Moyen-Orient», expliquait récemment au Figaro le chercheur Vincent Eiffling. L’Iran connaissant
la réticence de Trump pour l'outil militaire, il peut exercer une pression
manifeste sur la Maison-Blanche en attendant l'élection présidentielle de
novembre 2020.