Au Soudan, Jean-Yves Le Drian plaide pour le retrait du pays de la liste noire américaine
En visite à Khartoum, le chef du Quai d'Orsay, Jean-Yves
Le Drian, s'est attaché, lundi, à montrer le soutien de Paris à la transition
en cours au Soudan. Il a également annoncé une aide de 60 millions d’euros
pour aider à la transformation du pays.
Une visite au Soudan. La première du genre de
la part d'un haut diplomate français en plus d'une décennie. Lors d'une
conférence de presse à Khartoum, le chef du Quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian, a
déclaré, lundi 16 septembre, que Paris ferait pression en faveur du retrait de
ce pays de la liste noire américaine des "États soutenant le
terrorisme".
Le ministre des Affaires étrangères a
également plaidé pour la réintégration du Soudan à la communauté
internationale. Ce déplacement officiel intervient alors que le pays est entré
dans une période de transition, après des décennies d'autoritarisme sous Omar
el-Béchir, destitué par l'armée le 11 avril sous la pression populaire.
"Nous allons user de notre influence
pour que le Soudan soit retiré de cette liste", a indiqué le ministre
français lors d'une conférence de presse avec son homologue Asma Mohamed
Abdallah, la première femme à occuper ce poste dans l’histoire du pays.
"Les engagements pris, la manière dont
l'armée a perçu son rôle pendant cette période, tout cela va dans le sens d'une
sortie du Soudan de cette liste", a-t-il répondu à une question de l'AFP
sur le sujet. Une démarche qui vise à permettre "une relation nouvelle (du
Soudan) avec les institutions financières (...)", a-t-il argumenté.
"Nous avons décidé d'engager 60 millions
d'euros, dont 15 millions très rapidement, pour aider la transformation du
Soudan et sa révolution pacifique", a-t-il également déclaré.
"Il s’agit d’une aide d’un montant
important, et la visite elle-même d’un ministre d’un pays aussi influent que la
France est une marque de soutien moral pour le peuple soudanais qui a mené
cette révolution et triomphé", confie à France 24 Salahedin al-Douma,
expert soudanais des relations internationales.
Une économie à genoux
L'inscription depuis des décennies du Soudan
sur cette liste et les sanctions américaines imposées pendant 20 ans
(1997-2017) ont isolé ce pays et asphyxié son économie. La contestation qui a
mené à la destitution d’Omar el-Béchir a été déclenchée en décembre 2018 par le
triplement du prix du pain.
Washington avait accusé Khartoum e violation
des droits humains, notamment au Darfour, et de soutenir des groupes
jihadistes : le fondateur d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, a vécu dans la
capitale soudanaise entre 1992 et 1996.
Jean-Yves Le Drian a également rencontré le
Premier ministre Abdallah Hamdok et le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du
Conseil souverain, un organe composé à la fois de civils et de militaires,
fruit d'un accord âprement négocié entre l'armée et la contestation sur la
période de transition.
"Les Soudanais attendent de la France et
de la communauté internationale qu’ils fassent pression sur le conseil
militaire et ses appuis régionaux afin qu’il permette au gouvernement qui
représente les aspirations du peuple d’appliquer sa politique", a souligné
Salahedin al-Douma.
Le chef de la diplomatie française a aussi
réitéré le soutien de la France à Khartoum face aux défis à venir :
reconstruire une économie moribonde et conclure des accords de paix avec les
groupes rebelles dans les zones de conflit des Etats du Darfour, du
Kordofan-Sud et du Nil-Bleu.