Un dangereux face-à-face entre l'Iran et les Etats-Unis
Les tentatives de détente entre les Etats-Unis et l'Iran quarante ans après la révolution islamique semblent vaines. L'attaque contre des installations
Que l'Iran soit directement responsable des attaques samedi de drones contre des installations pétrolières en Arabie saoudite ou qu'elles aient été menées par leurs affidés yéménites, les rebelles Houthis, n'est pas fondamentalement différent : ce grave incident fait monter encore d'un cran la confrontation entre les deux puissances dominant la géopolitique du Moyen Orient, et au-delà celle entre Téhéran et Washington. A quelques jours de l'ouverture de la 74e Assemblée générale des Nations Unies à New York, il fait également planer un doute sur une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani, qui pourrait être la première depuis la révolution iranienne de 1979 entre un président américain et un président iranien.
La surprise du G7 de
Biarritz a-t-elle fait long feu ?
Sans hésiter, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a accusé l'Iran d'être responsable de ces attaques d'une ampleur sans précédent et qui interviennent après l'arraisonnement de navires pétroliers occidentaux par l'Iran dans le Golfe .
Elles rendent encore plus difficile toute tentative d'une détente entre les Etats-Unis et l'Iran. En créant la surprise cet été, le président français Emmanuel Macron s'était entretenu, à Biarritz en marge du G7, avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. Quelques heures seulement avant les raids aériens contre les deux sites pétroliers d'Abqaiq et de Khurais, Donald Trump avait même donné l'impression de saisir la balle au bond en entrouvrant la porte à une rencontre avec son homologue iranien en marge des rencontres de l'ONU. Il avait ainsi affirmé que « l'Iran a énorme potentiel » et veut aboutir à un accord. Pour ouvrir une telle perspective, il a limogé brutalement son Conseiller à la Sécurité Nationale, John Bolton, un ardent faucon anti-iranien à Washington.
Téhéran et Washington ou
la méfiance réciproque
Le retour en arrière est
compliqué entre deux adversaires qui depuis quarante se méfient l'un de
l'autre. En arrivant à la Maison Blanche, l'une des premières actions du
président Trump a été de dénoncer la signature des Etats-Unis sous l'accord
international de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien et au
contraire de renforcer le mécanisme de sanctions pour exercer une pression
« maximale » sur l'Iran. Jusqu'à présent, les tentatives de les
contourner lancées notamment par la France cosignataire de l'accord de Vienne
avec l'Iran, en compagnie du Royaume Uni, de la Russie et de la Chine, ont eu
un effet très limité. En attendant, l'Iran s'est affranchi de
ses obligations prises dans l'accord de 2015 en commençant à enrichir l'uranium et à augmenter les
quantités disponibles. Ce qui ne peut que contribuer à une nouvelle escalade.
Même jugé obsolète, le « pacte du Quincy » de 1945 par lequel
l'Amérique s'engage à défendre l'Arabie saoudite en échange de
l'assurance d'un flot régulier de pétrole, n'a jamais été dénoncé.