Nucléaire : l'Iran abandonne toute limite en recherche et développement
Face à l'absence du résultat escompté dans les
discussions autour de l'accord du nucléaire conclu en juillet 2015, le
président iranien Hassan Rohani a annoncé mercredi soir avoir ordonné l'abandon
de toute limite à la recherche et au développement en matière nucléaire.
Objectif : doter le pays de tout ce dont il a « besoin pour
l'enrichissement » de l'uranium.
« L'organisation de l'énergie atomique [iranienne]
reçoit l'ordre de prendre toute mesure nécessaire en matière de recherche et de
développement et d'abandonner tous les engagements en place dans ce
domaine », a déclaré Hassan Rohani sur la télévision d'État, présentant la
« troisième phase » du plan de réduction des engagements iraniens en
matière nucléaire.
Les États-Unis restent inflexibles
Cette mesure est prise, car « nous ne sommes pas
parvenus au résultat que nous désirions » dans le cadre de la récente
tentative diplomatique emmenée par la France pour tenter d'éviter que l'accord sur le nucléaire
conclu en juillet 2015 à Vienne ne vole en éclats, a dit Hassan
Rohani. Le président iranien a tenu ces propos peu après que l'émissaire
américain pour l'Iran Brian
Hook a exclu toute « dérogation » aux sanctions des États-Unis contre
l'Iran pour faciliter l'octroi d'une ligne de crédit à Téhéran dans le cadre de
cette médiation française.
L'accord de Vienne est menacé depuis que les États-Unis
en sont sortis unilatéralement en mai 2018, avant de rétablir des sanctions
économiques contre l'Iran, dont l'économie, entrée au deuxième
semestre 2018 dans une violente récession, est asphyxiée par la politique
américaine de « pression maximale ». Les nouvelles mesures sont
prises « afin que nous puissions assister à une expansion dans [le
domaine] des centrifugeuses » et « nous savons que c'est un grand pas
que fait la République islamique d'Iran ».
Rohani accorde « à l'Europe » un
« nouveau délai »
En représailles au retrait américain de l'accord, les
autorités iraniennes ont commencé depuis mai à revenir sur certaines
restrictions imposées à leur programme nucléaire (augmentation des stocks
d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l'accord de Vienne,
enrichissement de ce minerai à un niveau prohibé par ce texte, soit plus de
3,67 %). Le 7 juillet, elles ont donné soixante jours, jusqu'à
ce jeudi, aux parties restant à l'accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) pour les aider à
contourner les sanctions américaines, sous peine de les voir s'affranchir
d'autres obligations.
Hassan Rohani a donné mercredi « à l'Europe »
un « nouveau délai de soixante jours » pour répondre aux exigences de
Téhéran faute de quoi l'Iran se déliera encore un peu plus de ses engagements
pris à Vienne. « A tout moment, si les Européens reviennent à leurs
engagements, nous aussi reviendrons aux nôtres », a dit Hassan Rohani.
Israël réclame plus de « pression »
L'accord de Vienne a offert à l'Iran la levée d'une
partie des sanctions internationales qui l'isolaient depuis des années en
échange d'une limitation drastique de son programme nucléaire destinée à rendre
impossible l'acquisition de l'arme atomique par Téhéran. Jugeant ces garanties
insuffisantes, le gouvernement de Donald Trump veut forcer l'Iran à négocier un
accord plus contraignant.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a
réclamé jeudi plus de « pression » sur Téhéran au lendemain de
l'annonce par l'Iran d'une nouvelle réduction de ses engagements
nucléaires. « Ce matin, nous avons été informés d'une autre violation
(...) par l'Iran, cette fois dans son effort pour atteindre les armes
nucléaires », a déclaré Benjamin Netanyahu avant de partir pour Londres,
où il rencontrera le Premier ministre britannique Boris Johnson et le
secrétaire américain à la Défense Mark Esper. » Ce n'est pas le
moment de tenir des pourparlers avec l'Iran, c'est le moment d'accroître la
pression » sur la République islamique, a-t-il souligné.