Syrie: des aides humanitaires envoyées à un camp de déplacés
Des
aides humanitaires ont été envoyées ce vendredi à un camp de déplacés en Syrie
près de la frontière jordanienne, pour la première fois depuis février, a
annoncé l'ONU.
Le
camp de Rokbane abritait quelque 40.000 personnes vivant dans un dénuement
total. Mais ces derniers mois, plus de la moitié de sa population est partie
selon l'ONU, après l'ouverture par les autorités syriennes et leur allié russe
de corridors pour encourager les déplacés à rallier les territoires
gouvernementaux.
L'ONU
estime à quelque 15.000 personnes le nombre de déplacés encore présents dans le
camp, situé près d'une base de la coalition internationale emmenée par
Washington pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI). Un convoi préparé
par l'ONU et le Croissant-Rouge syrien (SARC) transportant des aides
alimentaires pour 15.000 personnes a été envoyé vendredi au camp de Rokbane, a
indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ONU, Hedinn Halldorsson. Les aides seront
distribuées sur cinq jours et devraient permettre aux déplacés de subvenir à
leurs besoins durant environ un mois, a-t-il ajouté.
«Le
convoi est entré dans le camp, la distribution a eu lieu pour des centaines de
familles aujourd'hui», a indiqué à l'AFP Abou Ahmad al-Dirbass Khalidi, chef
d'un conseil civil rebelle dans le camp. «La situation humanitaire à Rokbane
reste critique et la nourriture est un besoin prioritaire», a déploré Hedinn
Halldorsson. La livraison sera suivie de «départs assistés» plus tard en
septembre, conformément à un plan établi par l'ONU, qui avait annoncé qu'elle
allait faciliter l'évacuation des civils à Rokbane. Ces départs vont concerner
«environ 4000 à 6000 personnes souhaitant quitter Rokbane», a indiqué Hedinn
Halldorsson.
L'ONU
et le SARC ont mené en août une mission d'évaluation dans le camp. Près de la
moitié des déplacés interrogés ont déclaré vouloir rester, évoquant des
«préoccupations de sécurité» et des craintes de «détention» en cas de retour
dans les territoires du régime. Selon des ONG, des civils revenus dans des
zones gouvernementales ont été arrêtés ou enrôlés de force dans l'armée pour
effectuer leur service militaire.
Situé
dans le désert, le camp de Rokbane ne recevait plus d'aides humanitaires qu'au
compte-goutte, notamment depuis la fermeture en 2016 par la Jordanie de sa
frontière après une attaque de l'EI. Les conditions y sont «épouvantables»,
avait déploré la semaine dernière auprès de l'AFP un responsable de l'ONU.
Beaucoup survivent avec un seul repas par jour, souvent du pain et de l'huile
d'olive ou du yoghourt, d'après un déplacé. La guerre en Syrie déclenchée en
2011 a fait plus de 370.000 morts et poussé hors de leur foyer des millions de
personnes.