Une délégation druze en route pour la Syrie arrêtée
Jeudi,
la police a rapporté avoir empêché le projet d’une dizaine de Druzes de
traverser la frontière en Syrie pour y rencontrer des représentants du
gouvernement, en violation de la loi israélienne.
Selon
un communiqué de la police, les individus ont été détenus après une enquête de
plusieurs mois qui a été menée par des agents sous couverture et de manière
officielle.
La
police a indiqué avoir prévenu les organisateurs de la délégation que leurs
actions allaient compromettre la sécurité d’Israël et de ses citoyens.
La
délégation a néanmoins tenté de traverser la frontière pour se rendre en
Jordanie au pont Sheikh Hussein, où les autorités ont « arrêté leurs bus
et des véhicules privés ».
D’après
des officiels israéliens, environ 20 000 Druzes habitent dans les 1 200 kilomètres-carrés
du plateau du Golan israélien, une zone stratégique prise à la Syrie lors de la
guerre des Six Jours et formellement annexée en 1981, une mesure non reconnue
par la communauté internationale. Le président américain Donald Trump a signé une
déclaration plus tôt cette année reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le
Golan.
Israël
et la Syrie sont encore officiellement en état de guerre.
La
grande majorité des Druzes du Golan d’Israël ont encore la nationalité syrienne
et ont des liens familiaux avec les Druzes vivant dans le territoire contrôlé
par le gouvernement syrien. Pourtant, un nombre croissant de Druzes plus jeunes
choisissent la citoyenneté israélienne et soutiennent de moins en moins les
actions du président syrien Bashar el-Assad lors de la guerre civile du pays.
Cent-dix-mille
autres Druzes vivent en Galilée, dans le nord de l’État juif, la plupart disposant
de la nationalité israélienne et effectuant leur service militaire,
contrairement aux autres citoyens arabes.
La
minorité druze d’Israël a été choquée par la loi polémique récemment adoptée à
la Knesset de l’État-nation juif, affirmant que certains éléments de la loi
faisaient d’eux des citoyens de deuxième classe, alors que beaucoup d’entre eux
servent dans l’armée israélienne.
Cette loi ancre le caractère d’Israël, «
foyer national du peuple juif », et affirme que « le droit à
l’auto-détermination au sein de l’Etat d’Israël est unique au peuple juif ».
Elle définit également l’arabe comme une « langue à statut particulier », une
rétrogradation de
facto par
rapport à son précédent statut de deuxième langue officielle, même si elle
stipule que « cette clause ne nuit pas au statut octroyé à la langue arabe
avant la mise en vigueur de ce texte ».
Des
membres de la communauté druze, tout particulièrement des villages du Golan
israélien, avaient l’habitude de traverser la frontière de manière
occasionnelle avec l’approbation des deux gouvernements. Certains sont allés
étudier en Syrie, d’autres rencontrer de la famille ou des coreligionnaires en
traversant la ligne de partage du Golan très fortifiée.
Les
responsables druzes israéliens se sont rendus à Damas en septembre dernier pour
rencontrer leurs compatriotes de Syrie et du Liban lors d’un voyage qui n’était
apparemment pas coordonné avec les autorités israéliennes et qui entrait en
violation des lois de sécurité nationale.
La délégation de 54 membres du clergé et de
cheikhs druzes venaient tous de villages ou de villes des régions de Galilée et
du Carmel, dans le nord d’Israël. Ils ont été reçus par des officiels du
gouvernement syrien à Damas, a annoncé le quotidien Haaretz, et se sont ensuite
rendus dans la région de Sweida, le foyer de la majorité de la communauté druze
du pays. Là-bas, ils ont rendu visite aux familles de ceux tués dans les
récentes vagues d’attaque dans la zone, mais aussi celles de ceux qui ont été
enlevés par le groupe djihadiste.