Libye : quatre civils blessés dans des tirs sur l'aéroport de Mitiga
Quatre civils ont été blessés dans la nuit de
samedi à dimanche dans des tirs de roquettes visant l'aéroport de Mitiga, le
seul fonctionnel de la capitale libyenne, selon le Gouvernement d'union
nationale (GNA) qui a accusé les forces rivales du maréchal Haftar.
Situé à quelques kilomètres à l'est de la
capitale, Mitiga se trouve dans la zone contrôlée par le GNA, basé à Tripoli et
reconnu par l'ONU.
Les tirs ont coïncidé avec l'arrivée d'un avion libyen de Médine, en Arabie
saoudite, qui ramenait des pèlerins de La Mecque. Trois d'entre eux, dont une
femme, et une autre personne ont été blessés, selon une porte-parole du
ministère de la Santé du GNA, Wedad Abou Niran. La piste d'atterrissage a été
endommagée et un Airbus A330 de la compagnie publique Libyan Airlines a été
touché par des éclats d'obus et est désormais hors service, a indiqué le
directeur de l'aéroport, Lotfi al-Tabib. Les vols au départ et à l'arrivée de
cet aéroport ont été suspendus "jusqu'à nouvel ordre", a ajouté M.
Tabib.
L'aéroport a annoncé plus tard sur sa page
Facebook que plusieurs compagnies, comme Libyan Airlines ou Libyan Wings, vont
temporairement opérer leurs vols depuis l'aéroport de Misrata, à 200 km à l'est
de Tripoli, à partir de lundi.
La mission de l'ONU en Libye (Manul) a
dépêché ses experts sur place. "Quatre projectiles ont atteint les parties
civiles de l'aéroport", a-t-elle indiqué dans un communiqué, confirmant
qu'un projectile "a heurté la piste, endommageant un avion transportant
des dizaines de pèlerins". La Manul a condamné "avec la plus grande
fermeté cette attaque qui a terrorisé à la fois les passagers et le personnel
de l'aéroport". L'aéroport a été touché pour la 7e fois depuis fin juillet
par des "bombardements sans discrimination", selon la mission. Cette
dernière a demandé "la cessation immédiate des attaques contre cette
installation vitale et toutes les infrastructures et biens civils",
affirmant que de telles attaques "pourraient constituer des crimes de
guerre".
Le GNA a dénoncé plus tôt dans un communiqué
une "attaque terroriste" qu'il a imputée aux forces du maréchal
Khalifa Haftar, appelant la communauté internationale à faire face "à ses
responsabilités en matière de protection des civils".
Une attaque similaire avait fait un mort le
15 août et provoqué la suspension des vols. L'aéroport a également fermé la
semaine dernière après le tir d'une roquette lors de l'arrivée de deux avions,
qui n'a pas fait de victimes.
Mitiga est le seul aéroport fonctionnel de la
capitale depuis la fermeture en 2014 de l'aéroport international de Tripoli,
gravement endommagé par des combats.
Les forces du maréchal Haftar, homme fort de
l'Est du pays, mènent depuis cinq mois une offensive pour s'emparer de Tripoli.
Elles ont attaqué à plusieurs reprises l'aéroport de Mitiga, accusant le GNA de
l'utiliser à des "fins militaires". Elles affirment viser à chaque
fois des "drones turcs" qui décollent, selon elles, de l'aéroport
pour mener des frappes contre leurs troupes au sud de Tripoli.
Début août, la mission d'appui de l'ONU en
Libye (Manul) s'est inquiétée de la "fréquence croissante" de ces
attaques ayant failli toucher des avions civils à maintes reprises.