Syrie : 40 chefs djihadistes tués lors de frappes américaines dans la province d'Idleb
Moscou a alors accusé
Washington de compromettre le cessez-le-feu négocié avec la Turquie.
Les Etats-Unis ont mené samedi une frappe en Syrie contre des chefs
djihadistes près de la ville d'Idleb, dans le nord-ouest du pays en guerre,
tuant au moins 40 d'entre eux, selon une ONG. La province d'Idleb faisait
l'objet d'une trêve concernant uniquement l'armée syrienne et entrée en vigueur
en matinée, mais celle-ci n'a pas duré puisqu'un civil a été tué lors de tirs
du régime, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Parallèlement, le Pentagone a indiqué dans un bref communiqué qu'une frappe
américaine avait visé au nord d'Idleb "des leaders d'AQ-S responsables
d'attaques menaçant des citoyens américains, nos partenaires, ainsi que des
civils innocents", sans donner de précisions sur la façon dont l'opération
avait été menée.
Ce bilan est l'un des plus meurtriers infligés aux
djihadistes dans une seule attaque en Syrie. Les groupes visés sont des alliés
de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l'ex-branche syrienne d'ai-Qaida, qui
domine la province d'Idleb. Toutes ces factions ont déjà été la cible de raids aériens
du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale
antidjihadiste dirigée par les États-Unis, et des États-Unis eux-mêmes.
Pour
Moscou, Washington compromet la trêve
Selon l'armée russe, les États-Unis ont frappé la
région "sans en notifier à l'avance la Russie et la Turquie", qui
disposent toutes deux de troupes au sol. Elle a qualifié la frappe
d'"utilisation aveugle de l'aviation" militaire. "Dans les zones
touchées par la frappe américaine, les pertes et les destructions sont
nombreuses", a poursuivi le ministère russe de la Défense dans un
communiqué, accusant Washington d'avoir "compromis le maintien du
cessez-le-feu dans la zone de désescalade d'Idleb".
Toutefois, selon l'OSDH, la trêve avait déjà été
rompue par des tirs du régime qui ont tué un civil. Les tirs ont eu lieu sur la ville de Kafranbel, au sud de
la ville d'Idleb, a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'ONG.
L'OSDH a aussi rapporté que deux membres des forces
du régime ont été tués près de la frontière entre la province d'Idleb et celle
de Hama, lorsque des combattants rebelles et djihadistes ont pris pour cible
leur voiture. Et un drone russe a été abattu par les djihadistes de HTS, a
ajouté l'OSDH.
La trêve avait débuté samedi matin après avoir été
annoncée vendredi après quatre mois de bombardements dévastateurs par la
Russie, alliée du président syrien Bachar al-Assad.
Elle était "temporaire", a affirmé samedi
Bouthaina Chaabane, conseillère du président syrien lors d'un entretien avec la
télévision Al-Mayadeen basée à Beyrouth. "La trêve sert la grande
stratégie de libération de chaque centimètre du territoire syrien",
a-t-elle ajouté. Une précédente trêve décrétée début août dans cette même région avait volé en éclats au bout de
quelques jours.
Les
frappes américaines restent occasionnelles
Le 30 juin, les États-Unis avaient mené une frappe
"contre la direction d'al-Qaïda en Syrie dans une structure
d'entraînement" dans la province d'Alep,
voisine de celle d'Idleb. L'OSDH a alors affirmé que la frappe avait fait huit
morts, dont six commandants du groupe Hourras al-Din.
En 2014, Washington a mis sur pied une coalition internationale pour lutter contre le groupe djihadiste État islamique
(EI), dont le dernier réduit a été repris en mars dernier en Syrie avec l'aide de forces kurdes. Mais des soldats
américains sont toujours en Syrie. Les frappes américaines contre les
djihadistes avaient considérablement diminué depuis 2017.