Syrie : une nouvelle trêve dans la province d’Idlib, dévastée par quatre mois de bombardements
La
trève aura été de courte durée. Un civil a été tué samedi dans des tirs de
missiles du régime syrien sur Idleb, première « violation »d’une
trêve ayant débuté en matinée et concernant uniquement l’armée syrienne, après
quatre mois de bombardements sur cette région du nord-ouest de la Syrie en
guerre, a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire
syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Un
civil a été tué par des tirs de missiles du régime syrien sur la ville de
Kafranbel, le premier martyr depuis l’entrée en vigueur de la trêve »,
a-t-il déclaré. Le régime syrien avait dans un premier temps cessé ses frappes
aériennes, samedi 31 août, sur la région d’Idlib, au premier jour d’une
trêve annoncée après quatre mois de bombardements dévastateurs sur cette région
du nord-ouest du pays.
Cette
trêve avait été annoncée la veille par la Russie, alliée du président syrien
Bachar Al-Assad qu’elle aide dans le conflit, particulièrement dans son
offensive contre les djihadistes et les rebelles dans la région d’Idlib.
Damas
« se réserve le droit de réagir aux violations »
Une
précédente trêve décrétée début août dans cette même région a volé en éclats au bout de
quelques jours, le régime ayant repris ses raids après
avoir accusé ses adversaires de ne pas la respecter.
A
Damas, l’agence officielle Sana avait fait savoir un peu plus tôt que l’armée
syrienne avait accepté de respecter l’arrêt des hostilités mais qu’elle « se
réservait le droit de réagir aux violations ».
Vendredi,
le Centre russe pour la réconciliation en Syrie a affirmé qu’un accord avait
été conclu pour « un cessez-le-feu unilatéral des forces
gouvernementales » et appelé « les groupes armés à
renoncer aux provocations ».
Fin
avril, le régime de Bachar Al-Assad aidé de Moscou a lancé une opération de
bombardements aériens, appuyée par l’artillerie, contre la province d’Idlib et
les secteurs limitrophes dans les provinces voisines de Hama, Lattaquié et
Alep, dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche
syrienne d’Al-Qaïda) et où des groupes rebelles sont également présents.
Le
8 août, il a commencé une offensive au sol reprenant de nombreux secteurs,
dont la ville stratégique de Khan Cheikhoun au sud d’Idlib et la totalité de la
province de Hama.
« Cauchemar
humanitaire »
La
trêve semble constituer un nouvel effort pour éviter ce que l’ONU a décrit
comme l’un des pires « cauchemars humanitaires » du
conflit. Depuis la fin du mois d’avril, les bombardements syriens et russes ont
tué plus de 950 civils dans la région d’Idlib selon l’OSDH et plus de
400 000 personnes ont été déplacées, d’après l’ONU.
Les
attaques contre des « Syriens innocents à Idlib doivent
immédiatement cesser pour que la crise humanitaire puisse prendre fin et le
processus politique progresser », a déclaré vendredi le chef de la
diplomatie américaine, Mike Pompeo, après une rencontre avec l’émissaire de
l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen.
Quelques
heures avant l’entrée en vigueur de la nouvelle trêve, l’OSDH a signalé une
frappe aérienne russe contre un établissement de santé dans la province d’Alep,
qui a blessé des membres du personnel. Selon l’ONU, 43 établissements de
santé ont été touchés depuis avril.
L’ensemble
de la région d’Idlib, qui abrite quelque trois millions d’habitants, était censé
être protégé par un accord sur une « zone démilitarisée »,
annoncé en 2018 par la Turquie, un allié de groupes rebelles, et la Russie
pour séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des
djihadistes et insurgés. Mais cet accord n’a pas été respecté et n’a pas
empêché l’offensive.
Le
régime d’Assad, qui a repris environ 60 % du territoire avec l’aide
militaire de Moscou mais aussi de l’Iran et du Hezbollah libanais, s’est engagé
à récupérer le reste du territoire, y compris Idlib. De vastes régions aux
mains des forces kurdes dans l’Est syrien échappent également au contrôle du
régime.
Des
chefs djihadistes tués par des frappes américaines
Au
moins 40 chefs djihadistes d’Al-Qaïda en Syrie (AQ-S) ont été tués dans des tirs
de missiles près d’Idleb, toujours selon l’OSDH. « Des tirs de missile
ont visé une réunion de chefs de groupes jihadistes de Hourras al-Din et
d’Ansar al-Tawhid ainsi que d’autres groupes alliés à l’intérieur d’un camp
d’entraînement, tuant au moins 40 d’entre eux »près d’Idleb, a affirmé Rami
Abdel Rahmane, le directeur de l’ONG.
Les
Etats-Unis ont indiqué samedi dans un communiqué avoir mené cette frappe
: « Cette opération visait des leaders d’AQ-S responsables d’attaques
menaçant des citoyens américains, nos partenaires, ainsi que des civils
innocents », a indiqué le Pentagone.