En dansant: Moro ôte l’abaya des Frères pour lancer sa campagne électorale en Tunisie
Asmaa Al-Batakouchi
Ces derniers jours, des activistes de Facebook ont fait circuler une vidéo d’Abdel Fattah Moro, vice-président d’an-Nahda, le bras politique du groupe des Frères en Tunisie, dansant et chantant à l’occasion de sa candidature aux élections présidentielles de la mi-septembre prochain.
Il souhaitait donner ainsi une nouvelle image de lui-même, bien qu’il reste lié au mouvement an-Nahda d’un point de vue organisationnel.
Notons qu’il y a quelques semaines aussi, à la mort du président Essebsi, il avait attaqué le Frère réfugié en Turquie Wajdi Ghoneim, suite à ses déclarations offensantes pour Essebsi.
Moro avait eu une position controversée également concernant le mariage d’une Tunisienne avec un non-musulman, en déclarant que c’était un « choix personnel », appuyant ainsi l’appel du président Essebsi à la modification de la circulaire numéro 73 interdisant le mariage d’une Tunisienne avec un non-musulman.
Il a considéré également que l’appel d’Essebsi à l’égalité entre la femme et l’homme en matière d’héritage était sage.
L’analyste politique tunisien Belhassan al-Yahyawi affirme à ce propos que, malgré toutes les concessions d’An-Nahda, en particulier constitutionnelles, le mouvement a approuvé la formule selon laquelle la Tunisie est un Etat dont la religion est l’islam, bien que dans les années soixante-dix, il était contre cette formulation, et considérait que la constitution devait affirmer que la Tunisie est un « Etat islamique » et pas seulement un Etat dont « la religion est l’islam ».
Il ajoute que Moro était contre le Code du statut personnel, en la qualifiant de « laïque », alors qu’il est devenu aujourd’hui parmi les plus fervents partisans des droits de la femme, sans parler de sa position sur l’égalité des sexes en matière d’héritage.
Et d’indiquer que son but est ainsi de se donner une bonne image électorale et d’écarter tout soupçon d’appartenance au groupe des Frères, ce qui montre la rapidité avec laquelle les cadres d’an-Nahda changement de position pour réaliser leurs buts politiques.