Le Président du Centre d’études du Moyen-Orient: Importance d'unifier les visions et concepts entre l'Europe et l'Afrique pour lutter contre le terrorisme
Abdelrahim Ali invite les dirigeants européens et mondiaux à renforcer la coopération sécuritaire, politique et économique face au terrorisme et à son financement.
Il alerte sur le sérieux des positions de certains pays européens qui accordent l'asile aux dirigeants des Frères musulmans et ouvrent leurs portes aux terroristes assassins.
Il met l’accent sur la nécessité de l’unification des visions et concepts entre l'Europe et l'Afrique pour empêcher les terroristes, les racistes et les propagateurs de la haine de tirer profit des contradictions.
Paris - Spécial:
Le Centre d'études du Moyen-Orient (CEMO) a tenu samedi à son siège à Paris son symposium mensuel sur « les droits de l’Homme » et les tentatives des groupes terroristes de les utiliser politiquement en leur faveur et de les utiliser comme prétexte dans les médias occidentaux pour saper la stabilité des États et la mise en œuvre de leurs plans terroristes.
« Nous nous réunissons aujourd'hui au siège du Centre d'études du Moyen-Orient dans la capitale française" Paris ", en marge du Sommet du G7, qui se tient aujourd'hui à" Biarritz "et qui va se poursuivre jusqu'au lundi 26 août », a indiqué le Président du CEMO Abdel Rahim Ali a ouvert le colloque.
Outre les dirigeants des sept pays les plus industrialisés, un certain nombre de chefs d'État croient aux mêmes valeurs que l'Europe, telles que la démocratie, la liberté et la nécessité d'une coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et la discrimination raciale.
La conférence se tient cette année sous le thème de la lutte contre les « Aspects de l’inégalité en tant que problème lié à la justice ».
A l’intérieur de ce thème, la France en tant que présidente actuelle du Groupe a fixé cinq priorités soumises à discussion :
1. La lutte contre les inégalités de destin, en favorisant particulièrement l’égalité entre les femmes et les hommes, l’accès à l’éducation et à des services de santé de qualité ;
2. La réduction des inégalités environnementales en protégeant notre planète grâce aux financements en faveur du climat et à une transition écologique juste centrée sur la préservation de la biodiversité et des océans ;
3. L’exploitation éthique et centrée sur l’humain des opportunités offertes par le numérique et l’intelligence artificielle
4. L’action pour la paix, contre les menaces sécuritaires et le terrorisme qui déstabilisent les fondations de nos sociétés ;
5. Le renouvellement d’un partenariat plus équitable avec l’Afrique.
Mon intervention se basera sur les deux dernières priorités :
Le terrorisme et la nécessité d’une coopération internationale :
La question de la coopération et du dialogue permanent entre les sept pays industriels et les pays d’Afrique et d’Asie sur les problèmes communs et à leur tête celui de la lutte contre le terrorisme est la nécessité de l’instant.
En effet, les terroristes et ceux qui les financent ont profité des contradictions politiques et des différends idéologiques entre les puissances internationales et régionales du notre monde actuel.
Par exemple : alors que la nation arabe souffrait de la multiplication des attaques terroristes dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix du siècle dernier, qui visaient les services de sécurité, les lieux touristiques et les citoyens coptes, certains pays européens comme la Grande-Bretagne considéraient ces terroristes comme des combattants de la liberté ou pour le moins comme une « opposition armée », et leur donnaient accès à l’asile politique, leur permettaient de participer à des conférences et à des séances d’audition parlementaires, en particulier à la Chambre des communes britannique, et à des débats avec des journalistes et à la télévision, pour qu’ils présentent leurs points de vues, en dénigrant les gouvernements et ceux qui s’opposent à eux aux niveaux religieux et idéologique.
Et jusqu’à maintenant, malheureusement, certains organes de presse comme la BBC qualifient les terroristes qui exécutent des attaques terroristes contre les policiers et les soldats égyptiens dans le Sinaï « d’hommes armés », dans leur couverture des événements, tandis que si un homme poignarde un citoyen à Londres ou écrase avec sa voiture un groupe de Britanniques, on le qualifie de « terroriste », ce qui est une contradiction flagrante qui est exploitée par les groupes terroristes.
D’autre part, certains appellent à opprimer la femme et à répandre la haine contre ceux qui sont d’une autre religion, ou à interdire les arts et la musique en affirmant qu’ils contredisent leurs croyances religieuses, qui sont autant de conceptions que le Sommet du G7 a appelé à combattre et qui font partie des crimes de haine et de discrimination raciale dans toute l’Europe.
Alors que l’on trouve des auteurs importants écrivant dans de grands journaux européens qui considèrent les chefs de l’Organisation internationale des Frères musulmans, qui adoptent globalement les mêmes idées racistes, comme des combattants de la liberté auxquels on doit permettre de s’exprimer dans les parlements et les centres de droits de l’homme, pour qu’ils y présentent ce genre d’idées.
L’unification des concepts dans ce cadre est devenue la nécessité du moment, entre les pays européens et nos pays d’Afrique, pour empêcher les terroristes et les propagateurs d’idées racistes et haineuses de profiter de ces contradictions.
Le second point dont je voudrais vous entretenir est lié à la façon dont se déplace le terrorisme aujourd’hui, les terroristes exploitant la perte par l’Etat de son contrôle sécuritaire sur une région donnée et l’existence d’un chaos politique et sécuritaire pour s’y implanter et en faire le point de départ de leurs opérations terroristes, comme en Irak et en Libye.
Malheureusement, lorsqu’a débuté ce que certains ont appelé le Printemps arabe et que les Européens se sont enthousiasmés pour lui, nous leur avons alors dit que le but de ce Printemps était de créer de vastes zones de chaos propices au développement des groupes terroristes, et à l’arrivée au pouvoir des islamistes, permettant ainsi aux idées de haine et de discrimination raciale de se propager.
Nous leur avons demandé de ne pas se hâter dans leurs jugements de ce phénomène, mais ils étaient influencés par la vision de certains auteurs occidentaux qui considéraient ces forces dominant le Printemps arabe comme des combattants pour la liberté.
Et c’est ainsi que l’organisation Daech est apparue, comme résultat naturel de ce Printemps arabe, et a pénétré dans la région arabe, avant de viser un grand nombre de villes européennes, où elle a causé des pertes importantes.
La coopération internationale, et non pas seulement euro-africaine, pour combattre ces phénomènes est devenue une nécessité impérieuse en cette période de l’histoire humaine, et en particulier le phénomène du terrorisme et de son financement, et ceci en prenant nombre de mesures comme :
1. Le renforcement de la coopération de renseignements dans le domaine de l’échange d’informations.
2. Le renforcement de la coopération sécuritaire et militaire dans le domaine de la poursuite des éléments terroristes, pour leur faire perdre les asiles sûrs qu’ils utilisent pour se restructurer et relancer leurs opérations.
3. Le renforcement de la coopération économique et technique, en particulier dans les zones de combat en Libye, au Yémen et au Sinaï égyptien, et la fourniture d’un vaste soutien aux forces de l’Etat qui combattent le terrorisme et ceux qui le financent, par tous les moyens, pour réaliser un succès définitif sur ces éléments terroristes et poursuivre leurs sponsors avec l’aide des pays européens partout dans le monde.
J’espère que ces mesures sérieuses seront discutées par les chefs d’Etats et les invités africains et autres à la conférence de Biarritz, et qu’ils prendront les mesures décisives pour les mettre en œuvre, car sinon, nous serons face à une véritable bombe, qui pourrait exploser à tout moment dans tout Etat du monde.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.