Macron accuse Bolsonaro d'avoir "menti" sur le climat et s'oppose à l'accord UE-Mercosur
La tension est montée d'un cran ce vendredi entre le président français et son homologue brésilien en réaction aux feux qui ravagent l'Amazonie.
Emmanuel Macon a estimé ce vendredi que son homologue brésilien Jair Bolsonaro a "menti" sur ses engagements en faveur de l'environnement et a annoncé du même coup que, dans ces conditions, la France s'opposait au traité de libre échange controversé UE-Mercosur.
"Compte tenu de l'attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du sommet [du G20] d'Osaka", a déclaré l'Élysée, estimant que le président brésilien "a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s'engager en matière de biodiversité". "Dans ces conditions, la France s'oppose à l'accord Mercosur en l'état", poursuit la présidence française.
"Une première étape essentielle"
Cette opposition a été globalement saluée ce vendredi, l'écologiste Nicolas Hulot notant "une première étape essentielle", quand les Insoumis ont évoqué une décision "hypocrite".
"L'arrêt du soutien de la France, c'est une bonne décision qui s'imposait", a réagi auprès de l'AFP le député (ex-LREM) Matthieu Orphelin. "Maintenant ce serait idéal que les autres pays européens du G7, l'Italie et l'Allemagne notamment, puissent rejoindre la position française. On a une occasion demain", avec le début du G7 à Biarritz, a-t-il ajouté.
"C'est une opposition légitime et bienvenue. Je m'en félicite", a expliqué de son côté l'eurodéputé LREM Pascal Canfin, ancien patron du WWF.
"L'annonce d'@EmmanuelMacron de s'opposer à accord de commerce avec #Mercosur est une 1ère étape essentielle", a pour sa part réagi sur Twitter l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
"Elle doit être suivie de sanctions commerciales interdisant importations de produits agricoles brésiliens pour tenter de stopper la déforestation", a ajouté Nicolas Hulot qui avait démissionné du gouvernement en août 2018 en reprochant à l'exécutif de ne pas avancer assez vite en matière de Transition écologique.
La critique de l'Allemagne
La décision du président français a en revanche été critiquée par l'Allemagne. Pour Berlin, "l'échec de la conclusion de l'accord Mercosur ne contribuerait pas à réduire le défrichement de la forêt tropicale au Brésil", a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement.
"Cet accord est un signal fort en faveur d'un commerce fondé sur des règles et contre le protectionnisme". Il permet "un commerce mondial ouvert et équitable, avec des normes environnementales et sociales élevées, qui sont essentielles pour le gouvernement allemand", poursuit le porte-parole.
La forêt amazonienne est "d'une importance capitale pour la protection du climat et la biodiversité", souligne-t-il. "L'ampleur des incendies est alarmante. Nous sommes prêts à appuyer le Brésil dans ses efforts pour surmonter rapidement cette grave crise", fait-il valoir.
Pleins feux sur l'Amazonie
Les feux de forêt qui se propagent rapidement en Amazonie sont en train de devenir un sujet diplomatique majeur aux multiples répercussions internationales, tandis que se multiplient les appels à sauver le "poumon de la planète".
Emmanuel Macron s'était alarmé jeudi dans un tweet des feux qui ravagent la plus vaste forêt tropicale de la planète, parlant de "crise internationale" et donnant rendez-vous aux pays industrialisés du G7, qui s'ouvre samedi à Biarritz (sud de la France) "pour parler de cette urgence".La chancelière Angela Merkel ainsi que le canadien Justin Trudeau, deux des membres du G7, ont également jugé impératif de parler de ces incendies massifs pendant la réunion de Biarritz.
Le président brésilien a accusé en retour son homologue français de vouloir "instrumentaliser" le sujet "pour des gains politiques personnels".
"La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au (sommet du) G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle", a également tweeté M. Bolsonaro, un climato-sceptique.
Un accord de libre échange déjà polémique
En juin à Osaka au Japon, les pays membres du G20 dont le Brésil fait partie ont conclu un accord sur le climat, à l'exception des États-Unis, comme lors des deux précédents sommets.
L'accord de libre échange entre l'UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), signé fin juin après 20 ans de tractations, est très critiqué, notamment par le secteur agricole ou les écologistes.