Rencontres inutiles entre Washington et Ankara sur la zone de sécurité en Syrie
La «zone de sécurité» dans le nord de la Syrie préoccupe le régime du président turc Recep Tayyip Erdogan depuis sa visite à Washington en mai 2013, lorsqu'il a demandé la création de cette zone à des fins multiples.
En dépit de l'accord américano-turc visant à établir une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, les différends entre les deux parties résident dans les détails, en particulier dans la profondeur de sa zone géographique.
Afin d'apaiser les tensions, l'Ambassade américaine à Ankara et le ministère turc de la Défense ont, dans des déclarations séparées, rendu compte de l'évolution des discussions sur laditezone de sécurité, où des délégations militaires américaines et turques ont tenu des négociations au Pentagone du 5 au 7 août 2019.
La réunion visait à discuter des efforts pour établir une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, ainsi que la création d'un centre d'opérations conjoint en Turquie pour coordonner et gérer la zone en question, en plus de répondre aux préoccupations de sécurité turques.
La réunion, organisée par l'ambassade des Etats-Unis en Turquie le mercredi 7 août 2019, avait pour objectif de faire de la zone de sécurité un couloir de paix et de permettre à tous les réfugiés syriens de retourner dans leur pays.
Deux déclarations mystérieuses
Les déclarations de l'ambassade américaine en Turquie et du ministère turc de la Défense, qui sont presque similaires, en plus d'être ambiguës, n'ont révélé aucune solution possible aux points controversés.
La déclaration annonçait la mise en place d'un Quartier général de coordination pour gérer la zone de sécurité, mais ne révélait pas la profondeur géographique à établir selon cette affirmation, d'autant plus qu'il s'agit du principal sujet de discorde entre les parties; l'Amérique souhaite devenir une zone de 30 à 40 kilomètres, tandis que Washington souhaite que la zone ne soit que de 5 kilomètres seulement.
La déclaration a également insisté sur le fait de faire de la zone de sécurité un couloir de paix, mais n'a pas précisé le mécanisme qui sera utilisé pour le rapatriement des réfugiés, d'autant plus que la Turquie s'appuie sur la collecte de réfugiés pour les renvoyer de force à Idlib.
Zones sûres, mais comment?
Les organisations internationales cherchent à établir des zones de sécurité sur le champ de bataille, bien que ce terme n'ait jamais été mentionné dans les quatre Conventions de Genève de 1949 ni dans leurs protocoles en 1977.
Toutes les parties en conflit sont empêchées de cibler militairement la région sous le contrôle des forces internationales, et les civils fuyant la guerre se sont rassemblés et aucune des deux parties ne peut maintenir la sécurité.
La Turquie cherche depuis 2013 à établir une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, un appel qui a été bien accueilli par tous les acteurs de la crise syrienne, mais les détails diffèrent.
Selon la vision des Turcs, la zone de sécurité se situe entre Kobani et Afrin, en passant par Tripoli, située dans la campagne d'Alep.
La Turquie souhaite créer une zone de 30 à 40 kilomètres de profondeur à l'intérieur de la profondeur syrienne et une longueur de 460 kilomètres à la frontière, avec retrait des éléments du PKK.
Ankara souhaite affirmer la présence de l'Armée Libre dans la région en lui accordant le droit de maintenir la sécurité dans le nord de la Syrie, en tant que force internationalement reconnue, avec le retrait de tous les éléments des Forces démocratiques syriennes.
Les États-Unis et la Russie estiment qu'il est nécessaire de créer trois zones de sécurité supplémentaires, dont deux sous l'autorité des États-Unis et une sous l'autorité russe, selon le site Debka, proche des services de renseignement israéliens.
Les États-Unis ont ensuite développé leurs idées, exigeant que la Zone de sécurité soit établie dans le nord de la Syrie à une profondeur de 5 km seulement.
La Russie a annoncé sa vision par le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse conjointe avec Recep Tayyip Erdogan dans la station balnéaire de Sochi en mai 2017. Moscou estime qu'il est nécessaire d'établir des zones de sécurité dans certaines parties de la province de Homs, dans le centre de la Syrie, et dans la région orientale de Ghouta, près de Damas, la capitale syrienne. En plus d'une zone située sur un territoire contrôlé par l'opposition à Idlib.