En Libye, l’aéroport de Mitiga ciblé par des tirs malgré la trêve
Des
tirs de roquettes ont visé l’aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de
Tripoli, dimanche 11 août, en violation d’une trêve entre les belligérants
qui s’affrontent depuis plus de quatre mois autour de la capitale libyenne.
Situé à quelques kilomètres à l’est de la ville, Mitiga se trouve dans la zone
contrôlée par le gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli.
« L’aéroport de Mitiga a été la cible de
tirs au matin du premier jour de l’Aïd al-Adha », a indiqué la direction
de l’aéroport sur Facebook. Le trafic aérien a été suspendu « jusqu’à
nouvel ordre », a ajouté la direction, qui a diffusé des photos
montrant des colonnes de fumée à quelques mètres du tarmac. Ancienne plateforme
militaire utilisée pour le trafic civil en remplacement de l’aéroport
international de Tripoli, Mitiga est fréquemment visé par des tirs des forces
du maréchal Khalifa Haftar.
Plus de 1 000 morts depuis le
4 avril
L’homme
fort de l’est libyen a lancé le 4 avril une offensive pour conquérir
Tripoli, siège du GNA, reconnu par l’ONU. Après plus de quatre mois
d’affrontements meurtriers, les forces du maréchal stagnent aux abords de la
capitale, freinées par les forces loyales au GNA. Selon le dernier bilan de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les combats aux abords de Tripoli
ont fait 1 093 morts et 5 752 blessés depuis le 4 avril, ainsi
que plus de 120 000 déplacés.
Les
belligérants se sont mutuellement accusés d’avoir violé l’accord d’une trêve
temporaire réclamée par l’ONU durant l’Aïd al-Adha, célébration religieuse qui
commence dimanche et se poursuit jusqu’à mardi en Libye. Le GNA avait dit « accepter une trêve
humanitaire pour les jours de fête d’Al-Adha ». Les forces pro-Haftar
avaient également affirmé souscrire à la trêve, annonçant « l’arrêt
de toutes les opérations militaires dans la banlieue de Tripoli » de
samedi à lundi.
« Les milices de Haftar ont violé la
trêve à deux reprises, a affirmé à l’AFP Moustafa al-Mejii,
porte-parole des forces du GNA. La première fois en visant une
habitation à Soug al-Jomaa [est de Tripoli],blessant trois civils,
et la deuxième en touchant l’aéroport de Mitiga. » Les forces du
GNA ont « relevé les coordonnées des tirs de roquettes depuis les
zones contrôlées par les milices de Haftar au sud de la capitale » et
les ont transmises à la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul), selon
Moustafa al-Mejii. « Les forces du GNA respectent jusqu’à présent
la trêve, mais elles détiennent tous les moyens de riposte à tout moment »,
a-t-il averti.
L’opération
des forces pro-GNA « Volcan de la colère » avait déjà accusé plus tôt
les forces pro-Haftar de « violation de la trêve après la chute de
roquettes dans le quartier de Soug al-Jomaa ». Trois personnes qui se
trouvaient dans un abattoir ont été blessées, a-t-elle indiqué sur sa page
Facebook. Des chaînes de télévision libyennes ont également fait état
d’échanges de tirs dans le secteur de la route de l’aéroport international de
Tripoli, fermé et gravement endommagé en 2014 par des combats.
Dans
un communiqué commun publié dimanche dans la soirée, les Emirats arabes unis,
les Etats-Unis, la France, l’Italie et le Royaume-Uni ont appelé au respect de
la trêve et exhorté les belligérants à « cesser effectivement les
hostilités sur l’ensemble du territoire libyen ». Les cinq pays
ont invité de nouveau « toutes les parties à œuvrer sans délai en
faveur d’un accord de cessez-le-feu ».