Afrique : Boko Haram survit et s'organise
Autour du lac Tchad, la lutte contre la
contagion islamiste est la priorité. Les brigades d'intervention rapide
camerounaises sont en première ligne pour contrer Boko Haram, qui se nourrit de
terreur et de trafics en tout genre au détriment de la population.
Roumsiki, petit village de l'Extrême-Nord
du Cameroun, à la frontière nigériane. Il fait 43 °C, nous entrons dans la
petite saison des pluies. Une savane arborée où trouvent refuge lions,
éléphants, girafes, antilopes, panthères, hyènes, hippopotames ou buffles dans
une région grande comme trois départements français. L'air est moite, la nuit
tombe au bord de l'étang. Près du point d'eau, le colonel Nokum discute avec le
chef coutumier du village et un instituteur de l'école aujourd'hui déserte.
Ici, en 2013, une famille française, les
Moulin-Fournier, a été enlevée par Boko Haram, groupe islamiste qui compte de 6
000 à 8 000 combattants effectifs et de 16 000 à 24 000 sympathisants ou
collaborateurs passifs. En 2014, dix employés chinois étaient capturés par les
mêmes terroristes au terme de trois heures de combats à l'arme légère avec les
troupes de l'armée camerounaise.
Le gouvernement à
l'initiative
On se souvient des deux touristes français
enlevés en mai dernier au Bénin où deux mouvements terroristes sévissent, l'un
affilié à Al-Qaïda, l'autre à l'État islamique. Libérés par le commando Hubert
au Burkina Faso lors de l'organisation d'un transfert de ces otages à
l'organisation terroriste malienne de la katiba Macina, ils
reflètent bien l'état d'instabilité causé par la coagulation des foyers
djihadistes du Sahel et de l'Afrique subsaharienne.
En créant les Bir (brigades d'intervention
rapide), le gouvernement camerounais a décidé de reprendre l'initiative. Le
colonel Nokum explique : « Depuis 2014, les Bir ont stationné sur place
200 hommes, huit véhicules de combat, deux blindés légers et deux hélicoptères
qui patrouillent jour et nuit dans la savane, escortent les convois, effectuent
des opérations de ratissage et des contrôles transfrontaliers avec le
Nigeria. »
Face à Boko Haram,
certains se résignent à collaborer
Les résultats sont tangibles : «
Quelques ONG ont repris leur travail dans la zone, le braconnage, source
substantielle de revenus, a fortement diminué, le banditisme a aussi été mis à
mal depuis la réouverture de la frontière terrestre avec l'État voisin. »
Cependant l'école, qui devrait accueillir
quelque 300 enfants, reste déserte : les habitants se cachent ou obéissent
tacitement aux injonctions de Boko Haram. Début juillet, un chef coutumier a
été amputé des doigts de la main droite pour avoir incité les commerçants du
village à reprendre...