Publié par CEMO Centre - Paris
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Le Premier ministre d'Irak affirme ne pouvoir alléger les peines des jihadistes

samedi 10/août/2019 - 05:10
La Reference
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Le gouvernement irakien n'est pas habilité à alléger les peines des jihadistes étrangers condamnés à mort, dont onze Français, a affirmé le Premier ministre Adel Abdel Mahdi à l'AFP dans son premier long entretien à un média international.

Seule la justice peut le faire et la cour de Cassation qui examine tous les verdicts pour "terrorisme" doit encore rendre son avis sur les peines prononcées, notamment à l'encontre des onze Français condamnés début juin. Elle peut les confirmer, les modifier ou les annuler.

Des centaines d'étrangers ont été condamnés à la peine capitale ou à la prison à vie en Irak pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI). Parmi eux, 11 Français ont été condamnés à mort et trois à la perpétuité.

Jusqu'ici, aucun de ceux condamnés à mort n'a été exécuté et une Allemande a vu sa peine capitale commuée en prison à perpétuité en appel.

Dans l'attente des arrêts de la cour de Cassation, M. Abdel Mahdi a fait état de discussions entre Irakiens et Européens. Les jihadistes condamnés "vont-ils être transférés, vont-ils rester ici, vont-ils seulement rester un temps en prison ?".

"Nous n'avons fait aucune promesse à quelque pays que ce soit au sujet d'allègement de peine", a-t-il ajouté dans cette interview accordée à l'AFP ainsi qu'à des télévisions locales.

D'ailleurs, selon lui, "la justice ne permet pas à l'Etat irakien d'amnistier des condamnés à mort".

En Irak, "la peine de mort est légale, l'Europe l'a abolie, nous respectons cette position mais nous différons sur ce point", a-t-il martelé.

"Nous discutons régulièrement ensemble de ce sujet. Ils défendent leurs intérêts et ceux de leurs ressortissants et nous défendons aussi nos lois et les intérêts de nos citoyens".

"Virus de l'EI"

Les onze Français et un Tunisien avaient été transférés en Irak par les Kurdes en Syrie voisine, pays en guerre depuis 2011 et où l'EI a sévi pendant des années avant d'être défait en mars 2019. La France et d'autres pays européens se montrent particulièrement réticents à récupérer leurs ressortissants soupçonnés d'avoir rejoint l'EI.

Les Kurdes syriens ont été le fer de lance de la lutte contre l'EI et détiennent encore de nombreux jihadistes. L'EI a été vaincu en Irak en 2017 après trois ans de combats destructeurs.

Début avril, des sources gouvernementales irakiennes avaient indiqué à l'AFP avoir proposé de juger l'ensemble des jihadistes étrangers retenus en Syrie, contre deux millions de dollars par personne, à la charge des pays d'origine.

M. Abdel Mahdi a jugé "possible" que certains soient transférés de Syrie en Irak.

Par ailleurs, Bagdad devrait prochainement rapatrier 31.000 Irakiens, en majorité des femmes et des enfants de jihadistes présumés, des camps de réfugiés dans le nord-est syrien sous contrôle des Kurdes.

"Nous le ferons avec grande attention", a prévenu le Premier ministre, car "nous ne voulons pas transférer le virus de l'EI vers l'Irak".

Possible radicalisation

Chassé de l'ensemble des zones habitées d'Irak, l'EI conserve toutefois un pouvoir de nuisance avec des cellules clandestines qui mènent des attaques contre les forces de sécurité et les installations électriques ou pétrolières du pays.

Les 31.000 Irakiens doivent être transférés dans des camps de transit en Irak, qui compte en outre 1,6 million de déplacés, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Parmi ces 31.000, les familles de jihadistes présumés seront transférées dans des camps et non vers leurs villes ou villages d'origine le temps de vérifications sécuritaires.

Ce sujet suscite régulièrement les vives critiques de politiciens, notamment sunnites, une minorité en Irak, pays majoritairement chiite.

"Il est vrai que parfois ces vérifications sont exagérées, que parfois elles sont utilisées à des fins politiques", a reconnu M. Abdel Mahdi.

Experts et défenseurs des droits humains mettent régulièrement en garde contre une possible radicalisation des habitants de ces camps ou des régions dévastées et toujours en attente de reconstruction.

Ils rappellent que le sentiment d'abandon, l'absence des autorités et des services publics dans ces zones avaient joué un rôle majeur dans la percée de l'EI en 2014.


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