Syrie: accueil prudent de l'accord Turquie/USA par les Kurdes
Un haut responsable politique kurde s'est
félicité jeudi d'un accord américano-turc visant à établir un centre
d'opérations conjointes pour le nord de la Syrie, estimant toutefois que les
détails de l'accord restaient flous.
«Cet
accord peut marquer le début d'une nouvelle approche, mais nous avons encore
besoin de plus de détails», a déclaré Aldar Khalil à l'AFP. «Nous évaluerons
l'accord en fonction des détails et des faits, et non des gros titres», a
ajouté Aldar Khalil. La Turquie et les Etats-Unis ont décidé mercredi d'établir
un «centre d'opérations conjointes» pour coordonner la création d'une «zone de
sécurité» dans le nord de la Syrie, une mesure visant à prévenir un
affrontement entre forces turques et kurdes.
Cette annonce est intervenue après trois
jours d'intenses négociations entre Ankara et Washington, qui cherche à éviter
une nouvelle opération militaire turque contre les Unités de protection du
peuple (YPG), une milice kurde qui contrôle des zones du nord de la Syrie. Les
YPG sont l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une
coalition de combattants kurdes et arabes que les Etats-Unis et d'autres pays
occidentaux ont appuyé contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Ankara dénonce les liens entre les YPG et
le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante guérilla
en Turquie depuis 1984, et redoute que l'implantation d'une zone autonome kurde
à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes sur son sol. Selon deux
communiqués publiés séparément par le ministère turc de la Défense et
l'ambassade américaine à Ankara, les deux pays se sont entendus pour mettre
«rapidement» en place «un centre d'opérations conjointes en Turquie pour
coordonner et gérer la mise en place de la zone de sécurité».
La Turquie avait multiplié ces derniers
jours les menaces d'intervention contre les positions kurdes dans cette région,
après des mois de négociations infructueuses avec les Etats-Unis sur l'idée
d'une zone de sécurité, née en janvier après l'annonce d'un futur retrait
américain de Syrie. Mardi encore, le président Recep Tayyip Erdogan affirmait
que, faute d'accord, il lancerait «très bientôt» une opération. Le président
turc «insiste toujours sur l'élimination de notre présence», malgré le dernier
accord, a déploré Aldar Khalil.