3 facteurs menacent l’avenir des musulmans en Allemagne
Les médias allemands se sont fait l’écho de la controverse entre la
chancelière allemande Angela Merkel et son ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer,
sur la question de l’appartenance de l’islam à l’Allemagne, ce dernier
affirmant dans des déclarations à la presse en mars dernier :
« L’islam ne fait pas partie de l’Allemagne », tandis que Merkel lui
répondait : « Les musulmans et leur religion font partie de
l’Allemagne ».
Par conséquent, l’affaire a été réglée, et les musulmans, dont le nombre
est estimé à 4 millions, font partie intégrante du pays, selon la confirmation
de la chancelière allemande. Cependant, Merkel elle-même doit affronter des
crises qui peuvent avoir pour conséquence une fin dramatique de son expérience
au pouvoir, qui a duré pendant quatre mandats durant lesquels elle a dirigé
l’économie la plus forte d’Europe. Dans les lignes qui suivent, Al-Marga’
éclaire les causes de ces crises auxquelles fait face Merkel, en particulier
celle liée aux musulmans et au dossier de l’immigration.
L’impact des conflits du Moyen-Orient
Tout allait bien pour les musulmans d’Allemagne, car le pays avait – et a
toujours – besoin de citoyens nouveaux pour compenser le déficit des naissances,
l’Allemagne faisant partie des pays devant affronter le phénomène du
vieillissement de sa population. Jusqu’à ce que se produisent les révolutions
du Printemps arabe en 2011.
Et avec l’évolution de la situation dans certains pays arabes, vers des
affrontements armés entre diverses parties, la scène européenne a commencé à
changer, la Syrie étant l’exemple le plus frappant des conséquences de ces
événements, les Syriens étant obligés de fuir leur pays à la recherche d’un
asile sûr loin d’une guerre qui n’a épargné personne. Et un grand nombre
d’entre eux choisirent pour destination l’Europe.
En Allemagne, Merkel suivit ce qu’on a appelé par la suite la
« politique de la porte ouverte », en accueillant environ depuis 2014
un million de réfugiés en provenance de la région du Moyen-Orient. Et l’accueil
chaleureux réservé par les Allemands aux nouveaux arrivants suscita l’étonnement
de tous, les familles allemandes s’étant alignées sur les quais des gares
portant des pancartes où était écrit en arabe : « Bienvenue ».
Les loups solitaires de Daech
Les musulmans d’Allemagne ont essayé d’atténuer l’impact de l’incident du
harcèlement sur les Allemands, en expliquant que ceux qui avaient fait cela
méritaient un châtiment et la prison, et que tous les musulmans réprouvaient
leur acte. Mais ils n’y parvinrent pas, car la première opération des loups de
l’organisation terroriste Daech arriva pour compliquer les choses. En effet, un
demandeur d’asile d’origine afghane blessa cinq personnes dans une attache à la
hache et au couteau exécutée à bord d’un train, dans la ville de Würzburg au
nord de la Bavière en Allemagne, en juillet 2016, avant que la police ne
parvienne à tirer sur lui et à le tuer. C’est l’organisation Daech qui
revendiqua l’opération par la suite.
Et dans la ville d’Ansbach, un jeune demandeur d’asile syrien fit exploser
une charge, se tuant et blessant 12 personnes. Il avait fait une demande
d’asile un an avant l’exécution de l’opération, qui avait été refusée. Il avait
cependant obtenu une résidence temporaire, et lorsque la police fouilla son
domicile, elle trouva une séquence vidéo dans laquelle il menaçait l’Allemagne
d’une attaque terroriste, ce qui amena la police à annoncer que le suicidaire
était en relation avec l’organisation Daech.
Et ensuite ?
La situation des musulmans d’Allemagne est moins favorable aujourd’hui,
surtout après que l’extrême-droite eut réussi à exploiter tous les événements
des dernières années. Ainsi, les chefs des partis de droite souhaitent durcir
les règles relatives à l’immigration, ce à quoi s’oppose Merkel. Celui qui
dirige cette tendance est Horst Seehofer, chef du parti chrétien social
bavarois et ministre allemand de l’Intérieur, qui craint de perdre les
élections qui se tiendront dans le land de Bavière. Il a également menacé de
démissionner du poste de ministre de l’Intérieur au cas où aucun accord n’était
conclu sur la question de l’immigration.